Turenne est non seulement un « maréchal du Roy » Louis XIV. Pour beaucoup, c’est l’une des icônes de la République française Une et Indivisible à laquelle de nombreuses rues alsaciennes ont été dédiées … et la pomme de discorde entre les Alsaciens germanophobes (toujours prêts à « bouffer du boche ») et les autres. Pour les premiers, il est une figure emblématique des « libérateurs de l’Alsace », pour les autres il n’est ni plus ni moins qu’un criminel de guerre.
Les dernières années de Turenne, ont souvent été décrites par des thuriféraires, stratèges en chambre qui ne parlent que de « campagnes glorieuses », omettant de préciser que souvent les batailles cessaient par manque de munitions ou de nourriture pour les hommes et les… chevaux. Les témoignages des contemporains insistent pour leur part sur les massacres des populations, les incendies de villages, les viols, les fuites de Turenne devant l’ennemi et les chevaux morts de faim jonchant les routes.
Disparu des écrans, Turenne réapparaît dans la foulée de la victoire de 1918, près de 250 ans après sa mort, par le fait d’Alsaciens bochophobes, des livres de propagande scolaire mais aussi grâce à la Ligue royaliste de l’Action Française. Avec l’aide des associations patriotiques, celle-ci réussira faire ériger un obélisque fleurdelisé à la gloire de Turenne à Turckheim, dont l’inauguration en 1932 sera une vraie mascarade.
Maintes fois détruit, toujours reconstruit, le monument Turenne reste aujourd’hui encore un sujet de scandale. La moindre manifestation d’opposition à l’obélisque, surtout si sa date est proche de fêtes patriotiques, soulève un tollé des mêmes associations qui n’hésitent pas à traiter les contestataires de nazis
Qu’en est-il vraiment ? Le lecteur le saura en lisant cet ouvrage décapant et fondé sur les archives !
Michel Krempper, Historien