L’Alsace est bordée de deux frontières : la naturelle et l’administrative.
La frontière naturelle et culturelle de l’Alsace se situe sur la ligne bleue des Vosges qui, sans technologie moderne est infranchissable en hiver. La montagne était peuplée d’animaux sauvages, de charbonniers, de contrebandiers et de bandits de grands chemins. Le 10 novembre 1674, le carrosse du maréchal François de Créqui a été attaqué et pillé au col de Saverne.

Le Rhin n’était pas cette autoroute fluviale que l’on connait aujourd’hui. Parsemé de nombreuses îles, il serpentait dans la plaine. Ses riverains le traversaient sans peine en dehors des crues printanières.
Les habitants de deux côtés du Rhin ont une Histoire et des origines communes, parlent des dialectes similaires et ont les mêmes traditions culturelles, architecturales, artistiques et culinaires. Ils portent les mêmes noms de famille. Les noms de nombreuses agglomérations, de montagnes et de cours d’eau sont identiques. Certaines seigneuries étaient à cheval sur le Rhin. Aujourd’hui encore, certaines communes ont des terres de l’autre coté du fleuve.
Les mariages entre les Alsaciens et leurs voisins rhénans ont toujours été nombreux, même après la Révolution française. Jusqu’au milieu du vingtième siècle, à cause de leurs langues différentes, les mariages entre Alsaciens et francophones étaient rares.
La frontière administrative court le long du Rhin, voie de communication qui est décrétée « frontière naturelle » depuis la Révolution. C’est une des raisons des tentatives d’éradication répétées de la langue maternelle des Alsaciens décrétée « langue de l’ennemi ».

Pour les Alsaciens, le dépaysement est grand en traversant les Vosges. Les villages ne sont pas aussi pimpants. Ils y découvrent aussi l’alsacophobie de certains individus qui adorent l’Alsace… mais pas ses habitants.
Les Alsaciens sont traités de boches et de schpountz, voire de nazis s’ils défendent leur Histoire. Le sujet des incorporés de force dans la Wehrmacht ou les SS est toujours tabou. « Ce sont tous des nazis, puisqu’ils n’ont pas déserté ! ».
On accuse les Alsaciens de « bouffer le pain des Français » quand ils travaillent hors de leur région natale, on se moque de leur accent en leur disant « Ponchour » le matin.
Les Alsaciens sont traités d’égoïstes parce qu’ils veulent quitter le Grand-Est qui leur a été imposé.