Toponymie alsacienne

Le conseil de l’Europe préconise la pose de plaques bilingues à l’entrée de toutes les agglomérations. Les caractères du nom original doivent être identiques et de la même taille que le nouveau nom de la cité.

Toponymie

En Alsace, depuis la nuit des temps, les noms lieux et des habitants sont allemands. Les rois de France n’y attachaient aucune importance à part pour Straßburg qui est devenu Strasbourg et la famille Rappoltstein rebaptisée Ribeaupierre.

Quelques toponymes alsaciens comme Straßburg ont été transformés dès l’invasion française durant la guerre de 30 ans.

Le phénomène s’est accru à la Révolution française. Pour maquer son terrain et faciliter le travail de ses fonctionnaires monolingues, les noms des localités importantes administrativement ont été modifiés (préfectures, sous-préfectures, chefs-lieux de cantons). La France agit comme dans ses colonies.

Depuis la guerre de 1870, le Roman-national parle de germanisation de l’Alsace. C’est un refus de reconnaître la culture alsacienne.

Toutes les annexions françaises sont requalifiées en « Réunion de l’Alsace à la France ». Par contre, la Cession, restitution officielle de l’Alsace en 1871 est renommée « Annexion ».

Durant la guerre de 1914/18, l’armée française rebaptise des sommets vosgiens : Le Lingenkopf devient le Linge, Le Hartsmannweilerkopf est renommé Vieil-Armand.

Après l’Armistice, durant l’occupation française de l’Alsace, germanophobie oblige, de nombreux toponymes sont sabotés. De peur d’être expulsés pour pangermanisme, les Alsaciens ont laissé faire. En 1918, des vieilles rues sont rebaptisées à la gloire de militaires et de régiments responsables de la mort de près de 33000 Alsaciens-Lorrains tués à la guerre sur le front Ouest. Leurs prénoms sont francisés sur les monuments aux morts et dans les registres d’état-civil. Les prénoms de leurs descendants sont également francisés parce qu’anciens ennemis de la France. Un Suisse ou un Polonais pourront se prénommer Josef, mais pas un Alsacien. Il est heureux que les noms de familles n’aient pas été francisés.

En 1926, le Conseil municipal de Schlestadt redonne à ses rues leurs noms originaux. La décision est annulée par le préfet qui impose d’honorer les héros français.

En 1945, la situation empire encore, les contestataires alsaciens sont traités de Nazis. L’allemand, langue ancestrale des Alsaciens est déclarée « langue de l’ennemi ».

La francisation des toponymes est un sabotage culturel

Les envahisseurs ont pour habitude de renommer leurs conquêtes.

Partie visibles de l’iceberg, ce sont surtout les patronymes des villes qui sont déformés, francisés, parfois de façon ridicule. La plupart des localités sont touchées. Malgré des noms francisés, en Alsace germanophone, depuis des siècles, le moindre lopin de terre, le moindre chemin, le moindre cours d’eau ont des toponymes allemands.

Carte IGN, la topographie des prés et champs est allemande

Typographie

  • Des C remplacent les K : Kleburg / Cleebourg – Kronenburg – Cronenbourg
  • Des M remplacent les N : Barenbach / Barembach – Bassenberg / Bassemberg – Weissenburg / Wissembourg
  • Des O sont rajoutés devant les U : Gugenheim / Gougenheim – Rufach / Rouffach
  • Des T sont rajoutés devant les Z : Niederenzen / Niederentzen
  • Des U sont rajoutés devant les E : Haguenau
  • Des W sont remplacés par des V : Walf / Valff
  • Les Umlaut ( ä -ü – ö) sont logiquement traduits par ae – oe – ue : Bläsheim / Blaesheim – Hördt / Hoerdt

Les toponymes de nombreuses localités sont transformés de façon ridicule

Altweier / Aubure – Burg Breusch / Bourg-Bruche – Erlenbach / Albé – Gereuth / Neubois – Grube / Fouchy – Kestenholz / Châtenois – Krüt (chou) / Kruth – Lüzel (petit) / Lucelle – Masmünster / Masevaux – Mauersmünster (Monastère des murailles) / Marmoutier – Meisengott (mésange) / Maisongoutte – Niedersulzbach / Soppe-le-Bas – Pfirt / Ferrette – Alt-Pfirt / Vieux-Ferrette – Rappoltstein / Ribeauvillé – Roggensbach / Ranrupt – Saal / Salles – Salzern / Saulxures – Schlettstadt / Sélestat – Wanzel / La Vancelle – Wasselnheim / Wasselonne – Weissenburg / Wissembourg – Zabern / Saverne

Des toponymes sont traduits

Heiligblasien / Saint-Blaise-la-Roche – Lützelstein / La Petite-Pierre – Neukirch / Neuve-Église – Schöngrund / Bellefosse – Schönenberg im Breuschtal / Belmont – Sulzbad – Soultz-les-Bains – Sulz unterm Wald – Soulz-sous-Forêt

Au (terrains inondables, plaines humides)

De nombreux prés sont ainsi nommés des deux côtés du Rhin et de certaines rivières : Aumatten – Elsau – Gattenau – Honau – Oberau – Sommerau. Idem pour des villes, villages, et hameaux : Andlau – Hagenau / Haguenau – Aue / Lauw – Eschau – Kleinlandau / Petit-Landau – Schoenau – Rheinau / Rhinau – Krütenau – Leberau / Lièpre – Merzau – Ruppertsau / Robertsau – Thumenau – Wanzenau

Bad (bains) – Bronn / Brunn (fontaine)

Bad-Niederbrunnen / Niederbronn-les-Bains – Michelbrunn / Grandfontaine – Morsbronn / Morsbronn-les-Bains – Niedersteinbrunn / Steinbrunn-le-Bas / Obersteinbrun / Steinbrunn-le-Haut – Sulzbad / Soultz-les-Bains – Sulzbach / Soultzbach-les-Bains – Sulzern / Soultzeren – Sulzmatt / Soultzmatt

La Burg (château-fort) transformé en « le bourg » 

L’Alsace faisant partie du Saint-Empire-germanique, la plupart des châteaux-forts sont situés sur des sommets vosgiens pour se défendre contre les envahisseurs venus de l’Ouest. Lors de la Guerre de 30 ans (1618/1648), la plupart seront détruit par les armées du roi de France et de son allié suédois.

Les noms de châteaux se terminent en Burg sont féminins. Remplacer le mot Burg (château) par bourg (village) mot français est ridicule. Les préfixes Hoh sont conservés ou traduits : la Hohkönigsburg devient le Haut-Koenigsbourg – la Hohlandsburg / le Hohlandsbourg – Wasserburg (château-fort de plaine) / Wasserbourg

La déformation des toponymes concerne aussi les villes : Burgheim / Bourgheim – Eschburg / Eschbourg – Straßburg / Strasbourg…

Bach (rivière)

Brubach / Bruebach – Ellbach / Elbach – Eschbach – Mansbach – Mühlbach – Obersulzbach / Obersoultzbach – Rimbach –

Bad (bains) – Bronn / Brunn (fontaine)

Bad-Niederbrunnen / Niederbronn-les-Bains – Michelbrunn / Grandfontaine – Morsbronn / Morsbronn-les-Bains – Niedersteinbrunn / Steinbrunn-le-Bas / Obersteinbrun / Steinbrunn-le-Haut – Sulzbad / Soultz-les-Bains – Sulzbach / Soultzbach-les-Bains – Sulzern / Soultzeren – Sulzmatt / Soultzmatt

Berg (Montagne)

Bassenberg / Bassemberg – Kirberg / Kirrberg

Berg traduit en Mont

Schönenberg / Belmont

Dorf (village)

Altdorf / Atorf – Lüxdorf / Ligsdorf – Oberdorf

Hofen transformé en Hoffen

Bitschhofen / Bitschoffen – Oberhofen / Oberhoffen – Reichshofen – Reichshoffen – Schirrhofen / Schirrhoffen –

Holz (bois) transformé en Holtz ou traduit

Bischholz / Bischoltz – Sankt-Petersholz / Saint-Pierre-Bois

Hausen (maisons) transformé en House

Quel est le fonctionnaire qui a eu l’idée ridicule de traduire maisons en anglais ? Si un gouvernement étranger avait remplacé Maison-Alfort et Maison-Laffitte par House-Alfort et House-Laffitte, cela aurait fait scandale. Seul Mülhausen (la maison du moulin) dans le nord de l’Alsace n’a pas été anglicisé. Le village ayant perdu son Umlaut (ü) devrait s’écrire Muelhausen. Kaltenhausen / Kaltenhouse – Mülhausen / Mulhouse – Sündhausen / Sundhouse – Westhausen – Westhouse – Wintershausen / Wintershouse – Haüsern / Husseren-les-Châteaux

Heim (le chez-soi)

Heim qui est intraduisible en français correspond au Home anglais. Les noms de la plupart des localités se terminant par heim ne sont pas transformées sauf Oberenheim et Niederenheim qui deviennent Obernai et Nidernai – Hegeney / Hagenheim – Senheim / Cernay

Sankt – Heilig traduits par « Saint »

Le nom des saints de la plupart des localités ont été traduits sauf Sankt-Pilt devenu Saint-Hippolyte. Heiligkreuz / Sainte-Croix-en-Plaine – Sankt-Kreuz / Sainte-Croix-aux-Mines

Markirch / Sainte-Marie-aux-Mines

See traduit par «  lac de »

Le Weißsee devient Lac blanc mais la rivière qui en sort se nomme la Weiss. Le Sternsee (Lac des étoiles) devient le lac des Perches. Certains ont conservé leurs noms comme le Fischbödle ou le Schissrothried dans la vallée de la Wormsa.

Ober – Mittel – Nieder et Unter sont traduits par Haut – Milieu – Bas

Parfois les villages conservent leurs préfixes : Mittelweier / MittelwihrOberhaslach – Niederenzen / Niederentzen Niederhaslach – Obermorschwihr – Niedermorschwihr –

Souvent ils sont traduits : Niederaspach / Aspach-le-Bas – Oberaspach / Aspach-le-Haut – Unter-Hütten / Basses-Huttes.

On trouve également Morschwiller-le-Bas et Obermorschwiller

Stadt

Schlettstadt / Sélestat

Thal (vallée) traduit en Val

Weier im Thal / Vihr-au-Val – Gottesthal / Valdieu

Niederhagenthal / Hagenthal-le Bas – Oberhagenthal / Hagenthal-le-Haut

Weier Weiher (étang) transformé en «  Wihr »

Reichenweier, Reichenweiher / Riquewihr

Weiler (hameau) transformé en Villé ou Willer

Neuweiler / Neuwiller – Weiler / Villé – Les deux Bernhardweiler deviennent Bernardvillé et Bernardwiller