1917 : Création du Service de Propagande français

Le but unique de la France est de s’accaparer coûte que coûte du Land Elsaß-Lothringen sans ses habitants considérés comme boches, avec l’approbation des puissances étrangères.

La mission du service de propagande est de faire croire à l’opinion mondiale que les Alsaciens-Lorrains sont de race française et veulent, de ce fait, (re)devenir français, et que le référendum des habitants proposé par Wilson est parfaitement inutile. Le slogan « Le plébiscite est fait » vociféré par le président de la République Poincaré lors de sa tournée alsacienne n’a rien de spontané, il a été inventé en 1917 par le Service de propagande.

C’est le titre officiel du service de propagande. Il est rattaché au Ministère de la Guerre et dirigé par le général alsacien Joseph Bourgeois, futur sénateur et ennemi des autonomistes. Bourgeois est secondé par six officiers alsaciens au courant des questions d’Alsace-Lorraine, de sa mentalité, de son dialecte, et spécialistes en propagande. Ce service dispose de moyens illimités : en 1917 il a expédié 248.000 objets : des tracts, des cartes postales, des images, des puzzles et bien sûr des livres mensongers sur l’histoire de l’Alsace-Lorraine. La Croix-Rouge française est également noyautée pour distribuer trois millions d’objets avant la fin de l’année. Le service est également en rapport avec le ministre de l’Instruction publique M. Steeg.

Le service organise des conférences dans toute la France et fournit des articles à la presse étrangère : « Si l’on prend pour exemple la Section de Grande-Bretagne, 30 grands articles sur l’Alsace-Lorraine ont été ces derniers mois fournis par elle aux plus grands journaux anglais tels que le Times, le Daily Mail, le Daily Graphic, le Daily Chronicle, le Morning Post, etc ». Des émissions de radio sont également programmées.

« M. le Président insiste enfin particulièrement sur cette idée: l’Allemagne ne doit pas pouvoir dire que c’est la défaite de 1918 qui l’a forcée à rendre l’Alsace-Lorraine. La réunion de l’Alsace-Lorraine à la France ne doit pas procéder d’une revanche de la force, mais d’une reconnaissance mondiale ».

Il n’y a aucun espoir pour les Alsaciens-Lorrains de garder leurs libertés acquises en 1911 et de prendre leur destin en main. Le gouvernement centralisateur français a décidé de les faire rentrer dans le rang, de gré ou de force. Le Land Elsaß-Lothringen fait partie de l’Empire, mais la République a déjà créé une administration adéquate. Le Service d’Alsace-Lorraine dirige l’Administration des territoires alsaciens, il possède ainsi une expérience pratique qui est à la disposition de la Conférence et de ceux de ses membres qui voudraient se documenter sur telle ou telle question particulière ou sur telle ou telle mesure adoptée dans les territoires occupés par nos troupes.

« Cette mission est donc avant tout une mission de propagande, et ce n’est que pour certaines raisons de prudence qu’on n’a pas défini explicitement ce but dans le titre donné. Cette propagande s’exerce sous l’action directe du Service, qui se fait sentir par la centralisation de renseignements, la rédaction de brochures, tracts, etc. Des directives sont données aux diverses organisations utilisées directement par l’action, mais on cherche à atteindre le public sans lui faire sentir la présence d’un organe officiel. L’action principale doit se manifester par des conférences, des brochures sur la question d’Alsace?Lorraine, des tracts, des articles de journaux, articles de fond sur la question, ou ripostes à des articles ou à des discours politiques parus ou prononcés en Allemagne. Accessoirement elle s’étend jusqu’à l’action par le cinéma, le théâtre, etc, et utilise les nombreuses formes de la publicité industrielle et commerciale. Il est en outre entendu que, pour l’action extérieure, le Service d’études doit entrer en relations avec les organisations déjà existantes faisant de la propagande, ce qui est un excellent moyen de profiter des efforts déjà faits, des bonnes volontés précieuses que l’on sait toutes disposées à agir et de gagner ainsi beaucoup de temps ».

Il faut constater que plusieurs députés du Landtag et quelques artistes siègent dans cette assemblée. Les meilleurs partisans sont toujours ceux qui ont changé de camp. Paul Armbruster : futur responsable de la Ligue d’Action française en Alsace. Maurice Barrès : écrivain lorrain, futur député au parlement. Daniel Blumenthal : ancien maire de Colmar, ancien député du Landtag, futur sénateur, prône un retour à la France sans consultation du peuple. Joseph Bourgeois : général, futur sénateur. Paul Helmer : membre de la Ligue des patriotes, futur député au Parlement. Émile Hizelin : écrivain francophile d’origine alsacienne. Robert Kammerer : artiste, engagé comme peintre aux armées. Anselm Laugel : artiste-peintre, écrivain germanophobe, ancien député du Landtag. Christian Pfister : historien germanophobe, auteur d’une Histoire mensongère de l’Alsace destinée aux enfants des écoles. Jules Siegfried : ancien député du Landtag (1885-1897), Député au Landtag en 1902. Georges Weill : ancien député du Landtag 1912-1915), futur député au Parlement. Émile Wetterlé : abbé, député du Landtag, futur député du Parlement. Jean-Jacques Waltz : dit Hansi, artiste-peintre, écrivain & caricaturiste Henri Zislin : caricaturiste mulhousien.

La Conférence décide également de demander à une sous-commission composée de MM. Albert Thomas, Wetterlé et Helmer de lui soumettre un projet de tract sur la question du plébiscite. Le service de propagande est contre un plébiscite des Alsaciens-Lorrains. Pour M. Siegfried un des arguments les plus forts contre le plébiscite consiste dans le fait que près de 400.000 Français qui ont quitté l’Alsace-Lorraine, ont été remplacés par 400.000 Allemands. Il fait sienne à ce sujet l’argumentation de M. Souchon.

Il s’agit en l’espèce des immigrés, plus de 350.000, encore 300.000 après le retrait des garnisons allemandes d’Alsace-Lorraine. La nationalité française (4ème résolution), votée par la Conférence à sa séance du 26 avril 1915, ne leur serait pas acquise du fait du retour de l’Alsace-Lorraine à la France ; elle ne pourrait être obtenue que par voie de naturalisation, les demandes de naturalisation ne pouvant être faites que trois années après la signature des préliminaires du traité de paix. C’est un fort contingent allemand qu’il faut manier, de façon à limiter son action germanique (élite) et à l’utiliser en raison des nécessités économiques d’après-guerre, main-d’œuvre en particulier (prolétariat).

M. Souchon appelle enfin l’attention de la Conférence sur la situation des enfants nés de mariages mixtes. Il a été décidé que ces enfants seraient tous considérés comme Français. Il lui semble donc difficile de les placer dans une situation inférieure, de les marquer d’une tare de suspicion et de déclarer qu’ils n’auront en aucun cas le droit de rester en Alsace-Lorraine, alors qu’on demande que les autres Alsaciens-Lorrains s’y soient maintenus pendant la durée de leur service.

NDLR : Les enfants nés de mariages mixtes seront naturalisés par décret en 1927. Durant toute leur vie, ils devront présenter leur certificat de naturalisation pour renouveler leur carte d’identité.

L’Association générale des Sociétés alsaciennes-lorraines d’Amérique, groupe aux États-Unis 200.000 Alsaciens-Lorrains, et la Ligue mondiale « pour la restitution de l’Alsace-Lorraine », toutes deux fondées à New-York par M.M. Gustave & Daniel Blumenthal, ancien maire de Colmar.

De nombreux pays, tant neutres que belligérants, reprochent aux Français de s’obstiner à faire la guerre pour s’accaparer de l’Alsace-Lorraine. « La France, disent-ils, va-t-elle, pour ces deux provinces, refuser longtemps toute négociation de paix ? Va-t-elle continuer de troubler la paix du monde pour arracher à l’Allemagne des lambeaux de terre que celle-ci ne veut pas rendre ? »

Source Conférence d’Alsace-Lorraine

Laisser un commentaire