Église luthérienne Saint-Matthieu de Colmar

Les luthériens sont chrétiens, et non païens, ils vont à l’église, im Kirche, pas au temple. Architecturalement, Saint-Matthieu est une église. C’est Louis XIV par haine de ce qu’il nomme des « religions prétendues réformées » a interdit l’utilisation du mot église et renommé les lieux de cultes luthériens : « temples ».

Les calvinistes appellent « temple » leurs lieux de culte en mémoire du Temple de Jérusalem, bien antérieur aux édifices catholiques.

Lors de la Réforme, en 1575, l’église des Franciscains (Barfüsserkirche) devient luthérienne.

Pour persécuter les protestants alsaciens, Louis XIV fait annexer le chœur et l’autel de 123 églises protestantes au profit des catholiques très minoritaires en Alsace. Ces confiscations sont à l’origine de nombreux conflits : dans certaines églises l’autel en bois des protestants est jeté à l’extérieur de l’édifice. Il reste actuellement une cinquantaine de simultaneum ou églises partagées.

Si certaines personnes nomment les églises luthériennes « temples », il ne leur viendrait pas l’idée de parler de temples simultanés.

Louis XIV fait ériger un mur pour couper en deux parties l’église et réserver le chœur aux catholiques qui en ont pris possession le premier mai 1715. Suite à une critique acerbe, Johann Daniel Bär, le doyen des diacres luthériens et sa famille sont bannis.

La nef est restituée aux luthériens après la Révolution, le chœur en 1937. Saint-Matthieu est rénové en 1987, la partie haute du mur au-dessus du jubé est démolie.

La nef et la croisée de transept servent de lieu de culte. Le chœur, toujours séparé de la nef est utilisé lors des évènements familiaux : baptêmes, mariages et enterrements.

Mausolée du cœur du général Rapp

La nef de l’édifice a été coupée par un mur et transformée en deux églises possédant chacune son propre clocheton. La porte ouvrant sur la nef permet d’accéder au chœur.

3 commentaires

  1. Rectificatif et oubli dans mon commentaire.
    Il faut lire Reichsland , dans la phrase « Pendant la période du Reichlansd…. »
    et église Saint-Matthieu de Colmar.
    Merci

    1. Bonjour, merci pour tous vos renseignements très intéressants.
      Je suis attaché à la dénomination église, certains parlent encore de temple avec mépris. Même si je n’y vais que pour les mariages et les enterrements, Saint-Mathieu est mon église où j’ai été baptisé.
      Un de mes amis, lors d’une visite à Bouxwiller a demandé où se trouve le temple protestant. Il s’est fait disputer par une habitante scandalisée.
      Bonne journée à vous.

  2. Bonjour
    Si vous me le permettez, j’apporterai un complément d’information plus historique et théologique, dans mon commentaire. Puisque nous sommes en terre concordataire, de Droit Local d’Alsace-Moselle, institué par les autorités du Reichsland Elsaß-Lothringen en 1871.
    Il n’est pas irrespectueux ni impropre d’appeler une église protestante un « temple », c’est un lieu de culte traditionnel, qui se se nomme église, notamment chez les luthériens et chez certains réformés au Canada. Toutefois, ce lieu n’est ni sacré ni consacré.
    Les protestants ont-ils des églises ou des temples ?
    Selon beaucoup de protestants, peu importe que l’on parle d’église ou de temple pour désigner leur lieu de culte, l’essentiel n’étant pas là. D’autres, soucieux de la fidélité à des réalités historiques, géographiques et culturelles, tiennent à l’un ou à l’autre terme et avancent parfois des arguments théologiques.
    Il faut considérer le terme église, du grec « ekklèsia » qui signifie «assemblée, rassemblement ou communauté », bien plus approprié : « Ce qui fait l’église, c’est l’assemblée, réunie autour de la Parole et des sacrements ; ce qui donne l’identité à un bâtiment, c’est sa fonction.»
    Précisons ici, que le mot « temple » qui désigne un lieu de culte chrétien, fait référence au second Temple de Jérusalem, et non à un temple grec , latin ou païen. Les deux terminologies sont, en effet, utilisées par les protestants pour désigner le lieu de rassemblement d’une assemblée de croyants. À quelques exceptions près, les héritiers de Jean Calvin privilégient quant à eux le terme de temple, tant en Alsace-Moselle que dans la « Vieille » France dite «de l’intérieur».
    Dans le Christianisme, le terme temple fait référence à plusieurs passages de l’Evangile : dont
    1 Corinthiens 3-16-17 : « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous? Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira; car le temple de Dieu est saint, et c’est ce que vous êtes.… »
    Dans la France Catholique de « l’intérieur », au XIXe siècle, le terme temple désigne parfois une église catholique, mais il désigne également une synagogue, on parle de temple israélite et d’une église protestante-réformée.
    En Alsace-Moselle, le terme église réformée, luthérienne, évangélique, méthodiste désigne un lieu de culte protestant, et toutes ces variantes, une chapelle, un oratoire. Cela tient à deux raisons. D’une part, du temps de l’Ancien Régime, l’administration royale interdisait aux adeptes de la « religion prétendue réformée » l’utilisation du terme église. C’était aussi, une manière pour le pouvoir royal catholique, de faire une distinction religieuse entre Catholiques et Protestants, les protestants se référant plus volontiers à l’Ancien Testament, et à la Bible.
    D’autre part Calvin avait fait le choix du mot temple, n’ayant pas trouvé dans la Bible celui d’église pour désigner un lieu de culte. Les réformés, grands lecteurs de l’Ancien Testament, ont par la suite mis d’autant plus volontiers en avant ce lien avec le Temple de Jérusalem qu’ils y voyaient une référence fondatrice antérieure à celle de la messe catholique, de laquelle ils tenaient à se démarquer.
    Pendant la période du Reichlansd, les autorités allemandes, les imprimeurs, les éditeurs d’ouvrages utilisent le terme plus approprié d’ « Evangelisch-Reformierte Kirche » Il suffit de regarder des cartes postales anciennes d’édifices religieux chrétiens de cette période ; dès les années 1918-1920, les mêmes cartes postales deviennent bilingues et désignent ces lieux de culte différemment. Par exemple à Metz, Die Neue Evangelische Kirche, devient le Nouveau Temple Protestant ou Temple Neuf, construit entre 1901 et 1905, durant la période wilhelminienne. En Alsace-Moselle, les lieux de culte protestants sont appelés église. On peut parler de temple protestant pour des édifices plus importants de manière architecturale.
    A Mulhouse, qui fut une ville bourgeoise « protestante » des 1523, la ville fut majoritairement protestante, avec la révolution industrielle elle se peuplera de populations majoritairement catholiques tout en demeurant gouvernée principalement par les protestants, jusqu’au début du XVIIIe siècle. A Mulhouse, il n’existe pas moins de cinq lieux de culte appelés temples protestants : Saint-Etienne, Saint Paul, Saint-Jean, le temple de Mulhouse-Dornach, le temple d’Illzach, la chapelle Saint-Marc, l’église Luthérienne Saint-Martin. D’ailleurs, le temple protestant réformé Saint-Etienne de Mulhouse, de style néogothique, construit entre 1859-1866, Place de la Réunion, est appelée parfois par les touristes, cathédrale. Une seconde église Saint-Etienne catholique de style néo roman, fut érigée entre 1855-1860.
    L’église Saint-Matthieu qui est une ancienne église des Franciscains construite en 1292, est donc bien une église protestante-luthérienne et non un temple. Ma mère y fut baptisée.
    Merci de votre attention.

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