Au début de la guerre de 30 ans (1618-1648) les protestants principalement luthériens, sont bien plus nombreux que les catholiques en Alsace. À partir de 1750, la situation va s’inverser. Louis XIV a tout fait pour éradiquer ce qu’il nommait avec mépris « La prétendue religion réformée ». Les curés royaux sont rétribués par le gouvernement, les pasteurs subsistent grâce à leurs paroissiens. Louis XIV haïssait toutes les autres religions que la sienne. Non seulement il a dévasté plusieurs fois la région, il veut aussi convertir de gré ou de force ses survivants.
- Annexion du chœur de 123 églises au profit des catholiques
- Confiscation des églises luthériennes
- Emprisonnement des pasteurs pour des motifs futiles
- Conversions forcées ou achetées
- Manipulations des enfants pour qu’ils changent de religion
- Dragonnades : les protestants sont obligés de loger et nourrir l’armée d’occupation
- Toutes les fonctions administratives sont réservées aux catholiques.
- Profanations des tombes de nobles Alsaciens luthériens situées dans les églises

1665 : Les enfants âgés de 12 à 14 ans, de la prétendue religion réformée sont autorisés d’abjurer. Leurs parents sont forcés de subvenir à l’entretien des nouveaux convertis.
1679 : Les convertis à la religion catholique pour des raisons financières ou autres qui reprennent leur religion originelle sont condamnés au bannissement perpétuels et à la perte de tous leurs biens.
1680 : Les unions entre catholiques et hérétiques, sont « un scandale public et une profanation visible d’un sacrement », la tolérance de pareils mariages « expose les catholiques à une tentation perpétuelle de se pervertir ». Toute union de ce genre, contractée sous quelque prétexte que ce soit, sera non valable, et les enfants qui en naîtraient sont déclarés d’avance illégitimes.

1681 : Annexion de Straßburg. La cathédrale luthérienne est confisquée par le roi et donnée aux catholiques.
1681 : Les enfants hérétiques de sept ans peuvent embrasser la religion catholique contre l’avis de leurs parents.
1682 : Conversion des enfants illégitimes juifs ou protestants : le roi est le seul en droit de leur tenir lieu de père.
1683, Édit de Compiègne : Les pasteurs qui accueillent un catholique dans leurs églises ou un converti au prêche sont bannis du royaume (leurs biens sont confisqués).
1683 : Les Alsaciens de religion luthérienne, calviniste, juive ou autre, ont l’obligation de loger les gens de guerre français. Ceux qui se sont convertis au début de l’année en sont exempt durant trois années consécutives, ainsi que de toute imposition.

1684 : Du 10 au 23 novembre, 4000 habitants de Schletstadt sont convertis à la religion catholique par les pères de la Compagnie de Jésus.
Pour les faire abjurer, les luthériens des villages au bord du Rhin sont condamnés aux travaux forcés dans les redoutes durant les canonnades allemandes.
1685 : Sa Majesté accorde à tous ses sujets de la religion prétendue réformée de la Haute et Basse Alsace, qui feront ci-après abjuration de ladite religion, un délai de trois ans pour payer leurs dettes. Des gratifications personnelles devaient être distribuées en outre par les soins de La Grange, qui en soumettrait d’abord la liste au ministre.
1685 : Le gouvernement royal fit savoir à tous les princes et seigneurs possessionnés sur les domaines de Sa Majesté, d’avoir uniquement sur leurs terres des baillis, des greffiers et des prévôts catholiques. Tous ceux qui étaient en fonctions à ce moment furent invités à se convertir sans délai, ou à quitter la place, et comme on tenait à ce qu’ils donnassent le bon exemple, on fit comprendre à ceux qui paraissaient indécis, que leur démission dans de pareilles conditions serait regardée comme une impertinence à l’égard du monarque et punie d’une amende de cent à deux cents Thalers. Quand on ne comptait pas trop sur leur docilité à toute épreuve, on les invitait plus ou moins poliment à déguerpir.
1685 : Les aubergistes et les chirurgiens, abusivement considérés comme fonctionnaires doivent abandonner soit leur religion soit leur métier.
1685 : Introduction de simultaneum : Louis XIV viole sciemment le Traité d’Osnabrück du 24 octobre 1648, qui fixe au premier janvier 1624 la date décidant de la propriété des édifices religieux. L’annexion d’une église pour la pratique d’une autre religion est de ce fait illégale.
Le roi trouvait bon que, lorsque sept familles catholiques se trouveraient dans une localité protestante, elles pourraient prétendre à la possession du chœur de l’église ; s’il y avait deux églises disponibles, on donnerait provisoirement la plus petite aux catholiques. Durant deux ans le clergé catholique s’acharne à déposséder les luthériens de leurs églises. De nombreux trafics ont lieu pour convertir au catholicisme quelques villageois miséreux.
A Dorlisheim, sur la terre de Strasbourg, se trouvaient trois familles de manants (Schirmverwander), donc étrangers à la localité. On y joignit cinq garçons de labour ou domestiques célibataires nés dans des villages catholiques voisins, se trouvant à ce moment précis, à Dorlisheim constituèrent les «sept chefs de famille ».
Le curé de Molsheim et le greffier de la ville de Rosheim, forcent la serrure de l’église du village pour s’en emparer.
A Hunawihr, pour parfaire les sept chefs de famille, on gagne à prix d’argent un vieil idiot aveugle, un sourd, etc.
A Munzenheim, le bailli catholique de Riquewihr, nommé Barter, essaye de convertir les habitants, tous luthériens, en compagnie du R. P. Boniface Breden, curé de Widensohlen; deux d’entre eux seulement se font rebaptiser, dont l’un était simple d’esprit. Le bailli, homme d’expérience, nomme alors pour la paroisse un maître d’école catholique, un veilleur de nuit catholique, un berger catholique, pris dans les communes voisines.
1686 : Le procureur-fiscal Kneyel ordonne de démolir la tombe seigneuriale de l’église de Reichenweier / Riquewihr. La profanation est exécutée par un maréchal-ferrant et trois cavaliers français qui brisent la pierre tombale arrachent les grille de fer et enlèvent le plomb du cercueil. Anne de Montbéliard, qui habite au château, arrive à l’église en carrosse, chasse procureur, maréchal-ferrant et soldats et fait replacer tant bien que mal le grillage et la pierre funéraire.
1686 : Louis XIV écrit à Louvois d’interdire la religion luthérienne dans les cités habitées par plus de deux-tiers de catholiques. Le pasteur est chassé. Une imigration factice est organisée pour atteindre les quotas.
Pour inciter les Alsaciens à se convertir, les représentants du roi promettent de nombreux privilèges. Les récalcitrants sont menacés d’augmentations d’impôts et d’obligation de loger des militaires. S’il n’y a pas de conversions, le pasteur est emprisonné pour mauvaise influence.

1686 : Les nouveaux convertis sont autorisés à récupérer les biens qu’ils ont vendus ou affermés depuis six mois.
1687 : A Offendorf, dans le comté de Hanau-Lichtenberg, le pasteur Jacques Heckel écrit à la comtesse Anne, sa maîtresse : « Maintenant toute la paroisse a dû consentir, à force de corvées, de garnisaires et de distributions d’argent, à passer à l’Église romaine; mais personne ne doit se permettre de dire qu’il y a été contraint. Au contraire, il faut donner une déclaration publique qu’on s’est converti librement à la foi catholique, poussé par la soif des cœurs [aus herzgierigem Verlangen). »
1688 : Il est interdit aux pasteurs de campagne d’avoir un vicaire pour le suppléer en cas de maladie ou d’infirmité.
1691 Le Conseil souverain interdit, sous peine du bannissement et de la confiscation de tous les biens, à toute personne, faisant profession de la foi catholique, d’envoyer ses enfants auprès des maîtres ou ministres faisant profession de la religion luthérienne ou calviniste, soit en dedans, soit au dehors des terres de Sa Majesté, et même au delà du Rhin, chez les ennemis du roi, pour y être élevés, instruits et admis à la Cène.
Persécution des pasteurs : Afin de terroriser les populations, les pasteurs sont escortés jusqu’à la prison par des militaires qui les maltraitent en chemin.
Les pasteurs résistants sont obligés de loger des garnisaires. À la moindre dénonciation calomnieuse, ils sont arbitrairement emprisonnés sans leur en donner la raison. Souvent à leur retour, un curé occupe leur paroisse.
Les pasteurs qui sont mécontents des visites de leurs église et presbytère par des prêtres ou des moines inquisiteurs sont condamnés pour résistance aux autorités et insulte à la religion. Leurs prêches et leurs sermons sont surveillés.
En cas de maladie, ils ne peuvent pas être remplacé par un confrère d’un village voisin. Ceux qui prêchent dans un village voisin sont condamnés à une amende et menacés de galère en cas de récidive. Le pasteur de Fortschwihr qui a assisté un mourant dans un village voisin est emprisonné puis expulsé d’Alsace.