Le gouverneur Millerand, attribue aux instituteurs français qui quittent la métropole pour enseigner en Alsace-Lorraine, des revenus bien supérieurs à ceux des instituteurs locaux. (Arrêté du 6 mai 1919).
A cause de la guerre, la France manquait cruellement d’enseignants. Afin de dégermaniser rapidement les enfants, elle a envoyé en Alsace-Moselle des poilus démobilisés sans aucune compétence forcément germanophobes. Comme ils ne s’exprimaient qu’en français, les écoliers ont dû s’adapter. Il aurait été plus simple et plus économique de former les enseignants alsaciens et mosellans.
Tous les traitements et allocations légales auxquels donnerait droit l’emploi en Alsace-Moselle
-Une indemnité quotidienne de frais de séjour de 12 F pour les directeurs d’école et les
maîtres ayant quinze ans de services au moins, 10 F pour les autres.
-Une majoration de 20 % de cette indemnité pour tous les chefs de famille mariés
veufs, divorcés ou séparés avec enfants de moins de seize ans ou infirmes, célibataires
vivant avec leur mère veuve.
-Une majoration de 10 % pour chaque enfant de moins de seize ans.
-Une indemnité de logement variant de 60 à 100 F par mois, selon la commune; (quand
le logement n’est pas fourni en nature). Cette indemnité est majorée de 20 % pour les
chefs de famille et de 10 % pour chaque enfant.
Ainsi, un instituteur marié, de 1ère classe, avec 2 enfants, ayant plus de 15 ans de
services, recevra dans une ville d’Alsace-Lorraine de plus de 10.000 habitants :
-Le traitement d’État, 2.200 F par an. (1 franc = 1.32 €)
-Les indemnités de séjour qui, avec les majorations, s’élèvent à 6.132 F par an, soit
16.80 F par jour.
-Une indemnité de logement qui, avec les majorations, atteint 140 F par mois, soit
1.680 F par an.
-Un supplément de vie chère de 1.800 francs.
-Soit un total de 11.812 francs par an, soit plus de cinq fois le salaire de base. L’arrêté
spécifie en outre que les instituteurs bénéficieront aussi des augmentations du
traitement d’État décidées pour le personnel de la France.
« L’Alsace est-elle française, oui ou non ? Alors pourquoi des indemnités spéciales Aux fonctionnaires français qui y servent ? Et pourquoi pas à tous ? Le Gouvernement considère-t-il donc lui-même les Alsaciens comme non Français ? Ce qui froisse encore plus les Alsaciens c’est le fait que certains de leurs fonctionnaires doivent céder la place aux nouveaux venus. Par exemple, quand on envoie un instituteur de l’intérieur dans une localité d’Alsace, on y envoie aussi sa femme institutrice, afin de ne pas séparer le ménage, et l’on déplace pour cela l’institutrice alsacienne, connue et aimée dans le pays ». (Les chroniques politiques et régionales du 10/06/1928)