1935 : Mascarade du « Tricentenaire français » de Colmar

La période entre les deux guerres est marquée par une lutte entre les Autonomistes et anti-autonomistes francophiles. Édouard Richard, maire socialiste de Colmar et Conseiller-général du Haut-Rhin, fait partie de cette dernière catégorie. À peine élu maire, il organise les 14 & 15 septembre 1935, une grande cérémonie mensongère, fêtant le « tricentenaire de l’union de Colmar à la France ».


La Basler Mittwochgesellschaft assure l’animation musicale du défilé

Le président de la République Albert Lebrun en est l’invité d’honneur. Il est accompagné de Camille Blaisot , sous-secrétaire d’État à la Présidence, du préfet et de nombreux officiers supérieurs. Le défilé est animé par les fifres et tambours bâlois.

Un cortège historique est organisé, « évoquant le retour de Rueil de Jean-Henri Moog, syndic de la Ville de Colmar, rapportant le traité d’Alliance et de Protection accordé par le Roi de France à la Ville de Colmar ». (Pour mémoire, Moog se nommait Johann Heinrich). Les magistrats, les corporations et la troupe accueillent Moog à la porte de Colmar. Moog rend hommage au roi. Un défilé composé des magistrats, des corporations, de drapeaux, de hallebardiers ainsi que de mousquetaires à cheval, de fifres et tambours, sillonne la ville. « Les participants du cortège historique formeront la haie d’honneur dans la rue Kléber pendant le défilé de la Libération » (Quelle libération ?)

Une plaque commémorative mensongère est inaugurée rue des Augustins.

Discours francophile du maire socialiste de Colmar, Édouard Richard (extraits).

« Alsace, terre du souvenir et de la fidélité : Les terribles vicissitudes que connut l’Alsace dans le drame qui se déroula sur son sol entre 1918 et sa réunion définitive à la France révélèrent à ses enfants leurs affinités de race et de sentiments et les poussèrent à se détacher de ceux qui avaient été leurs maîtres par l’effet d’événements auxquels ils avaient été totalement étrangers. Menacé tour à tour par les Suédois et par les impériaux qui ravageaient un pays dans lequel les uns et les autres ne voyaient qu’un théâtre d’opérations militaires, Colmar aspirait à la tranquillité et au respect de ses institutions. Témoin de la prospérité et du libéralisme du royaume de France, la cité tourna ses regards vers le fils du grand roi Henri qui s’était érigé en protecteur de tous ses sujets sans aucune distinction. À la sollicitation de Jean-Henri Moog, envoyé par le Sénat de Colmar auprès du tout puissant ministre du roi, le Cardinal de Richelieu accorda à la Ville impériale sa protection politique et militaire pour la durée de la tourmente qui n’était pas encore apaisée. Le traité de Rueil, signé le 1er août 1635, consacra par avance la destinée de Colmar qui par le Traité de Westphalie, entra définitivement dans le sein de la patrie française… Et lorsque l’Alsace fut brutalement arrachée à la France, la ville se dépeupla par l’émigration de nombre de ses enfants qui ne purent se soumettre au régime allemand. Les autres, retenus sur la terre natale, y poursuivirent, avec plus de mérite peut-être, une lutte tantôt sourde, tantôt violente contre ceux qu’ils n’avaient pas appelés. Et pendant cette période douloureuse de l’annexion, Colmar devint la citadelle de la protestation contre les tentatives de germanisation d’une province restée de cœur et de race profondément française. La fête du tricentenaire du traité de Rueil est une manifestation populaire de l’Alsace, terre du souvenir et de la fidélité pour tout ce qui fit la gloire et parfois la tristesse de la Mère-Patrie ».

Rappel historique

Les armées suédoises qui ont ravagé la région étaient à la solde de Louis XIII. Colmar ville impériale n’avait aucune intention de se soumettre à la France. Par le traité de Rueil, signé en 1635, « Colmar se place provisoirement sous la protection française sans abandonner son statut de Ville d’Empire, ses franchises, ses privilèges, ses droits & coutumes jusqu’à la fin de la guerre. Louis XIII promet que la Ville retrouvera tous ses droits et privilèges, ainsi que le libre exercice des deux cultes à la signature du traité de paix. « Ladite ville sera remise en l’état auquel elle était auparavant les commencements des troubles d’Allemagne et de Bohême en l’an 1618 ».

Colmar n’est pas devenue française en 1648 par le Traité de Westphalie. Article 87 : le roi doit respecter l’immédiateté des Villes de  la Décapole vis à vis de l’Empire. Les Villes ont le droit de députer aux Diètes impériales & rhénanes et ne dépendent que de l’Empereur et de la Diète.

En 1666, la Ville de Colmar bat monnaie. Un Thaler montrant une vue de la Ville, sa masse d’arme et l’Aigle impériale, signe de son appartenance à l’Empire.

Colmar a été annexé contre sa volonté en 1673.

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