1948 : Falsification de l’histoire d’Alsace

Commémoration du troisième centenaire du rattachement de l’Alsace à la France

Au sortir de la guerre de 1939/45, la France reprend les choses en main, elle veut éviter la résurgence des mouvements autonomistes, quitte à inventer une fausse histoire. L’Alsace ferait partie de la France depuis 1648 : ce qui est totalement faux.

1871/1918 : cette période est taboue. Grâce au chancelier Bismarck, les Alsaciens bénéficiaient du meilleur régime social au monde, jamais égalé en vieille France.

En 1945, L’autonomiste Joseph Rossé, ancien député a été arbitrairement incarcéré pour collaboration, alors qu’il a participé au complot contre Hitler. Les autorités veulent faire croire à la population qu’autonomisme=nazisme.

En 1948, de nombreuses manifestations ont été organisées en Alsace pour reprendre le contrôle de la région. Fêtes commémoratives, édition de livres et de timbres, discours officiels mensongers. Celui qui suit est un exemple flagrant de falsifications historiques.

On oublie toujours de dire que jusqu’en 1766, l’Alsace était géographiquement séparée de la France, par la Lorraine (annexée en 1766).


Commémoration du troisième centenaire du rattachement de l’Alsace à la France

Extrait du discours prononcé en 1948, au Mont Sainte-Odile par le cardinal Georges Grente, au nom de l’Académie française devant les autorités civiles, militaires et religieuses.

Ce titre est déjà un gros mensonge ainsi que l’histoire de l’Alsace racontée dans ce discours. L’Alsace n’a pas été française en 1648 par le traité de Münster en Westphalie. Elle a été annexée morceau par morceau de 1648 à 1798 date de l’annexion de la République libre de Mulhouse. A la Révolution française, 23% de l’Alsace appartenait encore à des princes allemands.

Excellence, Messieurs,

Quelle noble idée, rayon de soleil parmi nos brumes, d’avoir convié la France et l’Alsace à commémorer, par une série de fêtes, officielles on populaires, le fameux traité de Munster en Westphalie, qui les unit, il y a trois siècles, alors que notre nation, stable et brillante, imposait à l’Europe ses directives et ses modèles !

Au XVII ème siècle, les armées françaises ont dévasté l’Alsace et le Palatinat.

TRAITÉ DE MÜNSTER

Le roi de France a acquis les droits de Landgraf de Haute et Basse-Alsace et ceux de Landvogt de Hagenau, il n’a qu’un pouvoir de préfet.

-Article 87 : le roi doit respecter l’immédiateté des Villes de  la Décapole vis à vis de l’Empire. Les Villes ont le droit de députer aux Diètes impériales & rhénanes et ne dépendent que de l’Empereur et de la Diète.

-Articles 64 & 65 : les princes allemands conservent la supériorité territoriale (Landeshoheit).

Seules les possessions autrichiennes sont annexées à la France (Sud de l’Alsace)

Voyez, quinze ans avant le traité de Westphalie, Hanau et Haguenau, ravagés par les Impériaux et les Suédois, se placer spontanément sous notre tutelle ; et entendez le fils du maréchal de la Force, qui avait habilement négocié leur union à la couronne, constater « la joie du peuple d’avoir désormais le roi pour protecteur ». Du moins, l’expérience parut si favorable que les villes de Colmar, de Munster, de Turckheim, de Schlestadt et d’autres encore, les imitèrent…

La Suède était alliée de la France qui a activement participé à la dévastation de l’Alsace. Plus de la moitié de la population est décimée.

Nous pouvons donc, penser qu’au sortir de la guerre de Trente Ans, — cet « ouragan de désastres », qui avait ensanglanté, incendié, et ruiné la région, — ce ne fut, ni un arrachement à une patrie, dont l’Alsace eût été un élément profondément intégré, ni une de ces brutales annexions, qui soulèvent de sourdes colères, et préparent l’évincement du joug, sitôt l’occasion propice, mais l’acceptation d’un fait…

1658 – PROTESTATION DES VILLES DU ZEHNSTÄDTEBUND (Décapole). Villes immédiates d’Empire, elles ne dépendent ni de la France, ni de l’Autriche.

1662 – Le duc de Mazarin (neveu du cardinal) obtient les charges de Grand-bailli de Hagenau et de Lieutenant-général en Alsace. Au nom du roi de France, il demande aux Villes serments de fidélité qui lui sont refusés. Sous la contrainte, les Villes finissent par lui céder mais en informent l’Empereur et les Électeurs.

1666 – LA VILLE DE COLMAR FRAPPE MONNAIE. Un Thaler montrant une vue de la Ville, sa masse d’arme et l’Aigle impérial, signe de son appartenance à l’Empire.

1671 – Retour du duc de Mazarin en Alsace. Hagenau et Münster refusent de lui ouvrir leurs portes et lui manifestent une hostilité blessante.

1673 – CONDÉ SE PLAINT DE L’ATTITUDE DES VILLES IMPÉRIALES DU ZEHNSTÄDTEBUND.

Les relations sont de plus en plus tendues entre les dix Villes et les autorités françaises. Condé estime que le Roi doit mettre Hagenau et Colmar (qui sont presque ennemies de la France) à la raison.

1673/1675 – INVASIONS FRANÇAISES DE LA PLAINE DU RHIN.

Selz et Germersheim sont incendiés par les troupes françaises. Zabern est occupé par Turenne. Démantellement, pillage et occupation des Villes du Zehnstädtebund par les troupes de Louis XIV dirigées par Turenne. Bollweiler, Reiningen et Illzach sont mis à sac. L’Alsace est dévastée. Famines, épidémie de peste qui décime aussi, heureusement, une partie des occupants.

1675 : BATAILLE DE TÜRKHEIM

La Ville est saccagée par l’armée de Turenne, les habitants n’ayant pu fuir par les brèches sont massacrés, les femmes et les jeunes filles violées et éventrées, les enfants et les bébés ne sont pas épargnés. La folie meurtrière dure deux semaines.

25/01/1677 : DESTRUCTION DE LA VILLE DE HAGENAU
Les habitant de Hagenau sont chassés de la ville par le maréchal de Montclar. Le palais de l’Empereur est détruit, les maisons sont incendiées, les murailles défoncées. Idem pour Wissemburg.

Lettre du 27.2.1677 du Maréchal Joseph de Montclar (1625-1690), commandant en chef de l’armée d’Alsace pendant la guerre de Hollande, aux édiles de la ville de Haguenau détruite à deux reprises par les troupes françaises, en janvier et février 1677 (une dernière fois en septembre 1677).

Après avoir rasé la ville de Haguenau en janvier 1677 et obligé la population à fuir ou se terrer dans les ruines de leur cité, les Français continuent néanmoins de demander des contributions à leur effort de guerre. Ainsi, par une lettre du 27.2.1677 le maréchal de Montclar demande aux baillis et aux officiers du baillage de Haguenau de faire commander

« Quinze chariots bien attelés de chacun 6 chevaux, lesquels ils feront trouver le 7e du mois prochain en la ville de Saverne, sinon et à faute de se faire, ils seront contraints par la rigueur de la guerre – Fait à Brisac le 27 février 1677 ».

Réponse de la chancellerie de la ville le 4 mars 1677 : il ne nous reste plus que l’exil !

« … nous sommes tellement malheureux en notre désolation, que nous sommes hors de tout pouvoir, comme tout le monde le sait, d’y en pouvoir satisfaire ; car hormis les couvents et les religieux, comme aussi quelques maisons de pauvres bourgeois qui n’ont pas beaucoup à perdre, il nous en reste que le dernier exil ».

Source : Archives de la Ville de Haguenau (cote BB 96) :

1687 : Vauban fait raser le château et la chapelle de l’Empereur Barbarossa à Hagenau.

Car, établies dans une grande partie de la province, depuis une dizaine d’années, les troupes françaises y avaient gagné, peu à peu, des sympathies par leur belle humeur et leur accommodement. Loin d’envisager leur départ, on préférait leur maintien, pourvu que les chefs transitoires, devenus sédentaires, continuassent à gouverner avec adresse…

Les armées en campagne se servaient sur place, vol de bétail et de nourriture, champs de blé fauchés pour nourrir les chevaux. Vols, viols, augmentation du nombre de filles-mères dans les villes de garnison. Misère & famine pour la population. Les populations ont toujours haï les troupes d’occupation militaires.

L’Alsace apercevrait alors son avantage de vivre, non plus dans l’émiettement des seigneuries féodales ou ecclésiastiques et la juxtaposition précaire de petits États, mais sous la protection d’un sceptre, dont les armées et les escadres rayonnaient de gloire, pendant que de hardis pionniers lui conquéraient, en Amérique, des contrées immenses, et qu’une pléiade de génies, par des merveilles de poésie et de prose, rendait la France l’émule d’Athènes et de Rome…

Aussi, vers la fin du XVIIe Siècle, après que Strasbourg, librement rallié à la France avec une facilité qui stupéfiât les Allemands, aura groupé les molécules de la province, admirez comment villes et villages se repeuplent, parce que l’avenir n’est plus incertain…

1681 – CAPITULATION ET ANNEXION DE LA RÉPUBLIQUE LIBRE DE STRASBOURG (FREIE REICHSSTADT)

Le 28 septembre la Ville est assiégée par 35.000 hommes. Les accès par le Rhin et les routes sont bloqués. Le messager demandant aide au Reichstag est intercepté. La ville capitule le 30 septembre. Louis XIV exige l’arsenal et la cathédrale. Un intendant royal et six subdélégués sont nommés.

La Ville obtient le maintien de ses droits, coutumes, privilèges et la conservation de ses bailliages ruraux. Ses institutions religieuses, sociales et universitaires sont confirmées ainsi que le maintien de ses impôts et de sa juridiction civile jusqu’à 1.000 £. (L’appel à lieu au Conseil souverain)

De là, ce courage sous la pression des bandes de Gustave-Adolphe…

Le roi de Suède Gustave Adolphe était l’allié du roi de France Louis XIII

2 commentaires

  1. D’ r Napi disait: « L’histoire est une suite de mensonges sur lesquels on est d’accord ». Il semble qu’il savait de quoi il parlait !

    C’est comme cette grande farce du serment de Strasbourg, premier véritable texte rédigé en Français… Dire que j’y ai cru !!!!

    Ce ne sont que des données empilées pour un usage politique. Tout est politique et en Alsace avec l’alternance de la tutelle d’état (une fois allemand,puis français et vice versa), cela se voit mieux. La neutralité de l’historien est une farce, il est obligé de composer avec ce qui reste en matière après le ménage fait par tous les salopards; il y a également des sens interdits (le politiquement correct assurée par une armée de censeurs quand il n’y a pas carrément le crime de révisionisme). Plus je fais des recherches sur ma région, sur le passé même très récent, moins j’adhère aux versions officielles ni en ce qui concerne le point de vue français ni l’allemand et non plus l’alsacien qui lui est instrumentalisé par les deux.

    Je rebondis sur votre commentaire concernant les lois sociales. À mon avis, ce n’est pas grâce à Bismarck que les Alsaciens bénéficiaient du meilleur régime social au monde, mais seulement en raison des grèves, des manifestations, des anarchistes redoutés (les attentats contre l’empereur) et surtout en raison d’un électorat socialiste qui menace gravement son pouvoir, qu’il a été contraint de céder (Nota: Goethe avait déjà conceptualisé cela à Strasbourg bien auparavant). Ce n’est pas par humanisme d’ailleurs Bismark lui-même l’avoue. À Mulhouse, la victoire des socialistes était telle que personne n’y comprenait plus rien et que le seul moyen qu’avaient trouvé les libéraux pour combattre cette gangrène, c’était de fusionner la ville de Dornach (tendance de droite et catholique) pour glaner de nouvelles voix.

    Malheureusement, comme vous pouvez le constater, toute lecture de l’histoire est une compréhension politique. En matière d’Histoire, je ne peux adhérer à une notion de neutralité. L’historien peut la rechercher, être rigoureux, s’y approcher…, mais l’Histoire elle même ne sera jamais neutre.

    1. Bonjour
      Merci pour votre long commentaire et pour votre fidélité. Je dirais plutôt l’Histoire est une suite d’évènements relatés parfois de façons contradictoires dans lesquels on fait un tri souvent dicté par des sentiments. Les expositions et manifestations du centenaire de l’armistice ont été sujettes à polémiques. Un maire d’une ville alsacienne voulait interdire l’exposition des 4 cartes d’identité. Il voulait célébrer la « libération de 1918 »
      J’essaye d’être objectif, même si je suis excessif concernant Bismarck. Je sais bien qu’il a initié ces lois sociales pour couper l’herbe sous les pieds des socialistes.
      Concernant notre région, j’aime beaucoup cette définition :
      Vaterland et Mère Patrie se partagent l’Alsace en garde alternée !
      Je sais que je ne suis pas neutre, je me bats contre les clichés qui m’énervent et que je tente de démonter un à un : Tous les Alsaciens ont été envoyés sur le front russe en 1914/18. Ils étaient tous contents de devenir français. Hansi est la mémoire de l’Alsace et bien sûr : Turenne à libéré l’Alsace.
      Concernant le Front Russe, j’ai dépouillé 10% des actes de décès. ¼ des Feldgrauen ont été tués sur le front russe, ¾ sur le front ouest.
      Encore aujourd’hui, pour avoir dit du bien de la période 1870/1914 j’ai été suspecté d’avoir des sympathies pour les nazis. C’est un argument fallacieux qui permet de nier son histoire. Je pensais qu’il était tombé aux oubliettes avec la disparition des anciens combattants.
      La moindre image politique de Hansi créé des polémiques sur Facebook. Les plus terribles contradicteurs sont les Français de l’intérieur d’origine alsacienne qui ont une vision déformée de notre Histoire
      Cordialement

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