1914/18 : Des Alsaciens-Lorrains dans l’armée française

Pour la France, le but de la Guerre de 1914/18 est de s’accaparer à n’importe quel prix de l’Alsace-Lorraine, en neutralisant ses hommes en âge de combattre. Une dizaine de milliers de civils ont été arrêtés et transférés dans des camps de concentrations dans lesquels ils seront incités à s’engager dans l’armée française en échange d’une naturalisation.

En 1915, L’éphémère ministre de la guerre Adolphe Messimy édicte les règles du jeu, suivies par ses successeurs : ne pas respecter la Convention de La-Haye, signée par la France devenue loi en 1916 afin d’envoyer en zone de guerre, en France et dans les Balkans, le maximum d’Alsaciens-Lorrains se battre contre leurs compatriotes Allemands. Cela économise les Poilus. Certains officiers dialectophones peu scrupuleux feront croire aux Alsaciens-Lorrains qu’en prenant un patronyme français, ils ne risqueront rien, en cas de capture par les Allemands, qui les prendront pour des Français. Mensonge.

La Convention de La Haye du 18 octobre 1907, reconnue par la France en 1910, devenue loi en 1916, interdit à tout belligérant d’obliger les ressortissants du pays adverse à se battre contre ce dernier.

Le projet machiavélique de Messimy vise à contourner la Convention de La-Haye afin d’envoyer les Alsaciens-Lorrains au front, se battre contre leurs compatriotes allemands et d’économiser ainsi les Poilus

Paris, le 3 août 1914, Monsieur le Président,

La législation actuellement en vigueur ne permet l’engagement des étrangers dans les troupes françaises que si ces engagements sont contractés pour la légion étrangère et la réglementation fixe à cinq années la durée de ces contrats.

J’ai préparé un projet de loi accordant aux Alsaciens-Lorrains qui s’engageraient en temps de guerre dans les troupes françaises la naturalisation française, de façon à permettre leur incorporation dans les corps de troupes du service général. Ce projet de loi sera soumis aux délibérations du Parlement dès la convocation des Chambres.

Pour compléter les mesures ainsi prévues, il y aurait avantage à autoriser les engagements volontaires à la légion étrangère pour la durée de la guerre des étrangers sans distinction de nationalité, qui, sous le régime actuel ne sont admis à prendre du service dans ces régiments que pour une durée de cinq ans.

Cette disposition, analogue à celle qui régit les engagements volontaires des Français en temps de guerre attirerait vraisemblablement à la légion un nombre élevé d’étrangers désireux de donner dans les grandes circonstances traversées par le pays une preuve de leur attachement à la France.

Les conditions d’engagement à la légion étrangère étant sous le régime des décrets, un simple décret suffirait pour réaliser la mesure envisagée. Si vous approuvez cette manière de voir, je vous prierai de vouloir bien revêtir de votre signature le projet de décret ci-joint.

Veuillez agréer, monsieur le Président, l’hommage de mon respectueux dévouement. Le ministre de la guerre, Messimy.

La loi votée en urgence par le Parlement est destinée aux dizaines de milliers d’Alsaciens-Lorrains-Allemands domiciliés en France. Elle contourne la Convention de La-Haye et autorise la naturalisation des futurs engagés quel que soit leur lieu de résidence, afin de les envoyer se battre au front contre leurs compatriotes. La loi aura peu de succès, les Alsaciens-Lorrains préfèreront être des Allemands vivants que des cadavres français.

M. Raoul Méquillet, député, demande à M. le ministre de la guerre Alexandre Millerand :

Pourquoi des mobilisés, Alsaciens d’origine, qui ont demandé à être envoyés dans l’Afrique du Nord, conformément à une circulaire ministérielle, se sont vu refuser cette faveur;

Pourquoi ces mêmes Alsaciens ont été envoyés aussitôt sur le front.

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