1924 : Déchéance de la nationalité française

Depuis la nuit des temps, à cause de leur langue commune, les mariages étaient nombreux entre les Alsaciens et les autres germains. Jusqu’à la guerre de 1870, les Alsaciens étaient considérés comme les Allemands de France. Les nouveaux arrivants s’intégraient à la population en fondant une famille. Dans les grandes villes, jusqu’à la guerre de 1870, il y avait entre 5 et 15 % de mariages mixtes. 20 % durant la période du Reichsland. À cause de la langue, les mariages d’alsaciens avec des francophones étaient exceptionnels.

Pour le Roman national, les Alsaciens deviennent d’un coup les Français d’Allemagne qui vivent sous la botte prussienne.

En réalité, tout comme les Allemands, les Alsaciens vivant en France se font régulièrement traiter de « Boches » par la population. En 1918, une loi interdira de traiter les Alsaciens de Boches. (mais pas les Allemands).

les prénoms de tous les habitants d’Alsace morts ou vivants sont francisés dans actes officiels et les registres d’État-civil. La France veut à tout prix prendre possession de l’Alsace mais pas de ses habitants qui sont triés sur en fonction de leurs origines.

  • Les Alsaciens dont aucun ascendant allemand ne s’est établis en Alsace après la déclaration de guerre de 1870 sont considérés comme des Français de souche. En 1918, ils deviennent automatiquement français.
  • Les Alsaciens dont un seul ascendant allemand s’est installé en Alsace après la déclaration de guerre de 1870 sont considérés comme allemands. En 1918, ils deviennent étrangers dans leur propre pays.
  • Les Allemands établis en Alsace avant la déclaration de guerre de 1870 sont considérés comme des Français de souche. Ils deviennent automatiquement français.
  • Les Allemands établis en Alsace après la déclaration de guerre de 1870, tout comme leurs descendants sont considérés comme des Vieux-Allemands, anciens ennemis et risquent d’être expulsés avec leurs familles. À partir de 1920, ceux qui ne sont pas expulsés peuvent réclamer la nationalité française au Tribunal de baillage.
  • Les enfants issus d’un couple mixtes ne peuvent être français.

Les Alsaciens et Alsaciennes qui épousent une personne de nationalité allemande, sont automatiquement déchus de la nationalité française. En cas de naturalisation de leur conjoints, ils sont autorisés à demander la réintégration dans la nationalité française.

Tout est véridique, sauf les patronymes qui ont été changés par discrétion.

Rüdiger Schwob, né en Saxe en 1860 a fait son service militaire en Alsace. Il est considéré comme un Altdeutsch, un Vieil-Allemand. Rüdiger s’est marié en 1885 avec une alsacienne d’origine badoise. Par contre, son beau-père, installé en Alsace dans les années 1860 est considéré comme un Français de souche.

La demande est faite par Rüdiger Schwob, né en Allemagne pour lui & ses enfants mineurs nés en Alsace. Rüdiger est veuf.

Lettre du sous-préfet au Commissaire spécial de police : « Je vous prie de bien vouloir me renseigner sur les sentiments, l’attitude et la situation des requérants et me donner votre avis sur l’opportunité de leur naturalisation ».

Après une enquête de voisinage et sur les lieux de travail, il est constaté que la famille Schwob n’a aucun sentiment anti-français. La nationalité française peut être accordée.

Par son mariage, avec un Allemand, Maria est automatiquement déchue de la nationalité française et redevient citoyenne allemande.

Seul Rüdiger obtient la nationalité française. Ses enfants et petits-enfants seront naturalisé par décret en 1927.

Février 1925 : Demande de réintégration dans la nationalité française de Maria Elsasserin

Avis du Préfet : la postulante est d’origine française. Réintégrée de plein droit dans la nationalité française, a perdu cette qualité par le mariage qu’elle a contracté en 1924 avec le sujet allemand Schwob Roger. Celui-ci entre temps est devenu français par voie de naturalisation, tandis que la requérante continue à être allemande. Dans ces conditions et étant donné que rien de défavorable ne peut être relevé contre la pétitionnaire, j’émets un avis favorable à sa demande de réintégration en proposant de lui accorder une remise de 19/20 des droits de sceau).

Ces naturalisations n’ont rien d’un acte généreux, le Gouvernement s’est aperçu que les garçons échappaient au service militaire.

En 1927, les enfants et petits-enfants de Roger Schwob sont tous naturalisés français. Durant toute leur vie, ils devront présenter leur certificat de naturalisation pour des renouvellements de documents officiels.

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