1918 : Droit du sang

Dès son arrivée en Alsace en novembre 1918, la France renie ses principes généreux issus de la Révolution : liberté, égalité, fraternité. Le droit du sol est remplacé par le droit du sang. « Qu’un sang impur… »

De la première annexion de l’Alsace en 1648 jusqu’à sa restitution en 1871, ses habitants sont considérés comme les Allemands de France puisqu’ils sont pour la plupart germanophones. De 1872 à 1918, les Alsaciens seront considérés comme les Français d’Allemagne.

Dès 1918, le pays auto-proclamé des droits de l’Homme expulse les Alsaciens et leurs familles selon des critères ethniques. Ceux arrivés d’Allemagne après le traité de Francfort du 10 mai 1871, sont déclarés indésirables. La France, s’accapare de leurs richesses : mines de potasse, pétrole, sidérurgie, entreprises, commerces, immeubles et comptes bancaires.Les propriétaires des Tanneries Adler et Oppenheimer de Lingolsheim et les grands magasins Knopf faisaient vivre des milliers de familles. Ils sont expulsés, leurs biens sont séquestrés puis vendus.

REVUE DE PRESSE SUISSE

8/01/1919 – Les Alsaciens-Lorrains immigrés (Gazette de Lausanne)

La commission d’armistice à Berlin annonce que les Français continuent d’expulser les Alsaciens-Lorrains d’origine allemande. 1500 Alsaciens-Lorrains expulsés étaient déjà arrivés à Fribourg en Brisgau. 200 autres, venant de Mulhouse, viennent encore d’arriver. Les expulsés racontent qu’à Mulhouse et à Colmar, alors qu’ils se. trouvaient sur des camions automobiles, ils ont été exposés aux moqueries et aux mauvais traitements de la population. Sur l’ordre des fonctionnaires et des officiers français, ils ont dû abandonner leur argent, leurs vêtements de rechange et leur mobilier. Ils se trouvent donc dans la plus grande détresse. Afin d’adoucir leur sort dans une certaine mesure, le gouvernement a mis des sommes importantes à leur disposition.

13/03/1920 – Le nombre d’Allemands expulsés (Gazette de Lausanne)

D’après des chiffres donnés par une statistique allemande publiée à Fribourg-en-Brisgau, 96,000 Allemand.; ont été expulsés jusqu’au 1er janvier 1920 du territoire alsacien-lorrain. Ce nombre comprend 29,600 hommes, 31,000 femmes et 36,000 enfants. Si l’on tient compte des Allemands mobilisés et qui, après l’armistice, né sont pas revenus en Alsace et Lorraine, on atteindra le chiffré de 100,000 expulsés. On signale que nombre d’expulsés de marque sont revenus, ces derniers temps,
dans le bassin de la Sarre

3/09/1921 – Les Allemands en Alsace (Journal de Genève)

Strasbourg, 31 août. (De notre correspondant)
Pendant près de deux ans, des commissions dites de triage ont examiné, un à un, les nationaux allemands habitant l’Alsace et la Lorraine, et ont procédé à la séparation des élus et des réprouvés. Les premiers étaient autorisés à demeurer dans le pays, les autres tenus de repasser le Rhin,
Au, cours d’un travail aussi délicat, des erreurs ont été commises. Des éléments probablement bien disposés à s’accommoder de la nouvelle situation ont été expulsés et sont allés grossir les rangs des pseudo Alsaciens-Lorrains d’Allemagne, Par contre, quelques indésirables ont bénéficié de l’esprit, de tolérance qui présidait à cette opération de triage.

Mais il n’est jamais trop tard pour corriger des mesures trop indulgentes : tous les jours, encore, peut-on dire, des Allemands sont invités à franchir le pont de Kehl. Ceux qui sont domiciles en Alsace, sont, en effet surveillés par la police… ou les voisins. Délations privées ou enquêtes officielles donnent parfois des résultats suffisants pour motiver une sanction sévère. Les permis de séjour, renouvelables chaque année, sont déchirés, et l’Allemand doit boucler sa valise. Ainsi se comporte-t-on avec les gens peu dignes d’intérêt, il existe aussi d’autres cas, où, sans que,les personnes visées se soient rendues
coupables de la moindre faute, on insiste pour les faire partir. Ces rapatriés sont en général de modestes rentiers, que les rentes allemandes ne permettent pas de vivre, en Alsace avec la même aisance qu’auparavant. On ,ne leur intime aucun ordre, mais on fait pression sur eux.
Les Allemands dont on parle le plus sont ceux qui jouent un rôle, occupent un poste en vue, remplissent d’importantes fonctions. Leur présence est-elle véritablement un scandale ?
La plupart d’entre eux — ils ne sont guère , nombreux, 2.500 environ à Strasbourg —sont nés en Alsace, y ont toujours vécu ; quelques-uns même ne connaissent pas leur patrie. Ils sont attachés à la région, sinon par les sentiments, du moins par le travail et le gain. Nationalistes ? Pangermanistes ? Agents de leur gouvernement ? Non pas. Sans doute la grande majorité d’entre eux sollicitera, le moment venu, c’est-à-dire après trois ans de présence ininterrompue, la nationalité française. Ils ne l’obtiendront pas tous, mais les « recalés », et les autres qui n’auront pas formulé de demande, continueront de mener leur vie coutumière, sans souci patriotique, s’efforçant de cacher leur origine et se tenant tranquilles.
Assurément ils ne deviendront, ni de cœur, ni de mentalité, des Français, mais, sans les surestimer, on peut espérer que leurs enfants seront rapidement assimilés.
A bien considérer les choses, ces étrangers ne se bornent pas tous au simple rôle de consommateurs. Beaucoup produisent, contribuent à la prospérité générale, au développement le la vie économique. La simple politique suggère l’idée de les garder, s’ils ne nuisent pas à la, sécurité nationale,

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