Vater Rhein, le Rhin, frontière naturelle ?

La frontière naturelle sont les Vosges, jadis peuplée d’ours et de loups et de contrebandiers, infranchissables cinq mois par ans à cause de la neige.

Culture, architecture, habitudes alimentaires, langues régionales sont différentes. Le lorrain, riche en expressions savoureuses est toujours présent dans le français actuel.

Depuis que le teugnard a beugné ma chanatte, elle trisse.

Depuis que le grincheux a embouti ma gouttière, elle gicle.

Une trissette est un Schpritz chez les Alsaciens, ces mots sont bien plus parlant que le vaporisateur qui ne trisse ni ne schpritze pas vraiment. Les tofailles sont les patates sautées. La migaine mot chantant qui met l’eau à la bouche est intraduisible, c’est le mélange de crème, d’œufs et de sucre que l’on met sur les tartes.


Au nord de l’Alsace et du pays de Bade, on parle le francique, au sud l’alémanique.

Les noms des gens et des villages, les maisons à colombages, les habitudes alimentaires, la cuisine, les comptines, les traditions sont les mêmes.

Jusqu’à la Révolution française, des centaines de peuples et de langues cohabitaient dans cette France hétérogène. La lutte pour la destruction des langues régionales coïncide comme par hasard avec le service militaire obligatoire. Le but de ce génocide culturel était que les incorporés puissent comprendre les ordres des chefs.

Cela n’a pas fonctionné, puisque l’école n’a été rendue obligatoire en France, qu’après la défaite de 1870.

rhin

Ange et démon, romantique en été, tumultueux en hiver, le Rhin transformait régulièrement en un grand lac l’Alsace et le pays de Bade.


Le Rhin n’est pas une frontière naturelle, c’est une voie de communication qui reliait les peuples entre eux. Pour ne pas se perdre, les voyageurs longeait les fleuves.

Le Rhin ne ressemblait en rien à l’autoroute aqueuse que l’on connaît actuellement. Il a été canalisé au dix-neuvième siècle par l’ingénieur badois Tulla. Comme son le voit sur cette carte, le Rhin était un entrelacs de bras que l’on traversait aisément en dehors de périodes de crues. D’où de nombreux mariages entre Badois et Alsaciens durant les siècles. (Illustration : Carte de Cassini (Relevés de 1756 à 1789)

Quelques dates :

Le 13 juillet 1254, création du RHEINISCHER STÄDTEBUND (Ligue des villes rhénanes). 59 villes libres d’Empire dont Colmar, Hagenau, Schlettstadt et Weissenburg ont signé un pacte d’assistance mutuelle.

Vers 1440, la famille de Gutenberg originaire de Mainz / Mayence (sur le Rhin), s’est installée à Straßburg. Le fleuve est une voie culturelle entre Basel et la Hollande, peintres, sculpteurs et imprimeurs suivaient son cours.

Le 19 juin 1579 : FÊTE DES ARCHERS À STRASSBURG Des Zürichois partis à la rame sur l’Aar & le Rhin à 2 heures du matin portent une soupe aux pois encore chaude aux habitants de la ville. Il prouvent ainsi leur rapidité à les aider en cas de danger.

Guerre de 100 ans, il était dangereux de traverser la France, les drapiers flamands suivaient son cours jusqu’à Konstanz pour rejoindre l’Italie.

Les Suisses descendaient le cours jusqu’aux Pays-Bas, y vendaient les marchandises et les bateaux pour les bois. Les migrants Suisses suivaient également son cours.

Rheinüberschwemmung in Hohenems-Bauern 1888

Ange et démon, romantique en été, tumultueux en hiver, le Rhin transformait régulièrement en un grand lac l’Alsace et le pays de Bade.

3 commentaires

  1. Je vous retourne le compliment! Oui, il est fort probable que nos ancêtres se sont croisés, voire même que nous cousinons ! Bonne journée également, bien cordialement,
    Antoine B.

  2. Merci pour ce billet particulièrement intéressant qui relègue cette frontière à un usage purement militaire. En effet, la véritable frontière naturelle serait plutôt la chaîne de montagnes puisque historiquement, nous sommes liés par les mêmes dialectes des deux cotés du Fleuve. Les Français, avec lesquels il était fastidieux de communiquer, n’étaient pas au coeur de nos préoccupations. Le mariage avec la France a été violent et contre-nature jusqu’à la révolution où même le philosophe Fichte remarque que Badois & Württembergeois approuvent massivement l’abolition des privilèges et les valeurs de ce soulèvement. Nos ancêtres se déplaçaient autant que nous, de l’autre coté du fleuve. Il reste que les sources selon qu’elles sont religieuses, royalistes ou populaires se contredisent de la même manière que de nos jours. Il en reste que le Rhin est notre père commun. Il sert aux deux peuples, la même nourriture.

    1. La frontière était bien frontière militaire et administrative. lors de recherches généalogiques sur Le Bonhomme, j’ai lu un constat du début du dix-huitième siècle dans le registre des décès. Il s’agissait d’un soldat portant l’uniforme lorrain, trouvé dans la forêt communale vers le col du Bonhomme. que faisait-il là ? S’était-il perdu ? Avait-il déserté ? En principe un soldat en service n’est jamais seul. Mystère !
      Je regrette de ne pas avoir eu le réflexe de copier l’article.
      Au sujet des crues du Rhin, on trouve plein d’informations dans « Les inondations en France » datant de 1863.

      https://books.google.fr/books?id=tV4JAAAAIAAJ&pg=PA3&lpg=PA3&dq=crues+du+rhin&source=web&ots=qQ0iJgJnDM&sig=C_-goaKmDPHdnpA_zmkbEgJCHAk&hl=fr#v=onepage&q=crues%20du%20rhin&f=false

      Bravo pour votre site toujours très intéressant.
      Nos ancêtres ont dû se croiser, j’ai de la famille originaire du Val de Villé et à Ingersheim, on trouve un oncle marié avec Georgette Barxell 1918/2013.
      bonne journée à vos
      cordialement

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