Lors de sa visite à Straßburg / Strasbourg, en décembre 1918, le président Raymond Poincaré fait un long discours fleuve en français, destiné à la presse française et étrangère. Il raconte une histoire falsifiée de l’Alsace. Il est coresponsable de la mort des trois-quarts des Feldgrauen alsaciens tués sur le front Ouest. De nombreuses familles sont en deuil mais elles sont sommées d’honorer la mémoire des soldats français qui les auraient délivrées.
Un monument aux morts à la mémoire des poilus est érigé à Straßburg. Les soldats alsaciens morts à la guerre sont méprisés, leurs prénoms sont francisés sur les monuments aux morts. Lors des commémorations de l’Armistice, seuls leurs ennemis seront honorés.
Extraits du discours de Poincaré
Le plébiscite est fait. L’Alsace s’est jetée, en pleurant de joie, au cou de sa mère retrouvée. Avant même que l’armistice fût signé, l’amour, si longtemps comprimé, des populations pour la France avait éclaté dans des démonstrations émouvantes. Des prisonniers français avaient été délivrés ; des drapeaux tricolores, sortis de retraites inconnues, avaient subitement égayé la façade de vos maisons…
Le Saint-Empire était, du reste, une construction artificielle qui ne ressemblait en rien à un peuple homogène. La seule nation à laquelle ait jamais appartenu l’Alsace, c’est la nôtre; c’est celle qui s’est successivement appelée la Gaule celtique, la Gaule romaine et la France. Lorsque l’Alsace s’est fondue au sein de la France monarchique, elle est simplement rentrée, sans effort, dans la nature et la vérité…
Avec nous, aussi, tu te rappelleras que nous avons chèrement payé ton retour à la demeure maternelle. Des centaines de mille de Français sont tombés sur les champs de bataille pour que se reconstituât l’intégrité de la patrie. Avec nous, Alsace, tu honoreras la mémoire de nos morts, car, autant et plus que les vivants, ce sont eux qui t’ont délivrée…
Toujours les mêmes mensonges de la part de l’état centralisateur colonisateur français, la réécriture et la falsification de l’histoire de l’Alsace a été longuement et systématiquement intégré au roman national français qui n’est qu’une fable , une invention et une mystification !
L’histoire des Feldgrauen d’Alsace Moselle a été escamotée, falsifiée par l’état colonial français au nom de la politique de re-francisation et d’une idéologie détestable de prédation des richesses économiques. Aux Poilus, la gloire et les honneurs de la victoire, aux Feldgrauen d’Alsace Moselle, le déshonneur de la défaite et l’oubli ! Les Feldgrauen d’Alsace Moselle ont été dépossédés de leurs propres histoires, de leurs identités, de leurs engagements, de leurs parcours. Absents de l’hommage des commémorations officielles. Nuls manuels d’histoire dans les écoles, les lycées, les universités, les bibliothèques ne les mentionnent.
Vu de Paris en de 1871 à 1918, l’Alsace, et la Moselle, est réduite à n’être qu’une région qui a subit le « joug autoritaire » du Reichsland : c’est en fait le résultat de trente neuf ans de propagande, de désinformation, d’un paternalisme jacobin, d’une infantilisation désuète, d’une mise sous tutelle : le mythe entretenu de la « Patrie perdue » par les revanchards tricolores de « l’Intérieur » et leurs alliés.
Les nombreuses cartes postales anciennes qui ont circulé à cette époque en témoigne, elles furent nombreuses à avoir forgé le mythe d’une vision folklorique de l’Alsace !