Deux jours après l’arrivée du général Castelnau à la tête des troupes françaises, neuf magasins du centre-ville appartenant à des Juifs colmariens sont pillés, les vitrines sont brisées, une maison est même incendiée.
Il s’agit des commerces appartenant aux familles Kaufmann, Kegel, Knopf, Félix Levy, Meyer, Süssel, Wilnius, Wolf et Mandowsky dont le magasin était en feu. L’opération a eu lieu le soir, après la fermeture des magasins. On ne sait pas s’il y a eu des blessés. Le Frankfurter Zeitung parle de pogrom. Un dixième établissement appartenant à des non-juifs a également été saccagé.
Les responsables du raid sont membres d’une ligue patriotique et antisémite.
Le 8 décembre, quarante riches familles colmariennes, dont de nombreuses juives seront humiliées et expulsées manu-militari. Ces expulsions étaient interdites par la Convention d’armistice signée par la France, tout comme la confiscation des biens des habitants d’Alsace-Moselle.


Afin d’éviter toute contestation, les exactions ont eu lieu avant le retour des Feldgrauen alsaciens démobilisés le premier décembre. Ceux arrivés entre-temps seront empêchés de traverser les ponts du Rhin.
Pour mémoire, le général Castelnau est membre de la Ligue des Patriotes, dont il sera élu président en 1924. L’idéologie de la ligue est le nationalisme, le militarisme, l’antisémitisme et la xénophobie.

SOURCES
Elise-Esther Lévy : Tagesbuch einer Colmarerin während des Krieges 1914/1918
Frankfurter Zeitung du 17/12/1918