1670 : Invasion de la Lorraine par l’armée de Louis XIV

Le Roy de France négociait avec tous les Princes dont nous venons de parler , lorsque les infidélités éternelles du Duc de Lorraine, l’obligèrent à prendre contre lui des précautions encore plus fortes que celles dont il’ avait usé en commençant la dernière guerre. Charles comptant que les commencements de trouble qu’il y avait en Hongrie pourraient avoir des suites, avait choisi ce prétexte pour offrir à l’Empereur de lui envoyer un secours de six-mille hommes.

Ce projet d’armement fut suspect au Roy, qui, faisant éclairer de près la conduite du Duc, fut informé que tandis qu’il offrait ses services à l’Empereur, pour avoir occasion de lever des Troupes, il traitait secrètement avec les Hollandais pour être reçu dans la triple-alliance. Il sut encore que ce Prince faisait solliciter l’Espagne de prendre avec la Hollande des engagements plus forts qu’elle n’avoir fait par le passé, ne se lassant pas de représenter à cette Couronne, qu’elle n’avait point d’autre moyen pour regagner ce qu’elle avait perdu dans. le Traité d’Aix-la-Chapelle..

Outre ces griefs, qui donnaient au Roy de justes sujets de plainte,

Le duc Charles IV de Lorraine avait entrepris de faire fortifier Chaté (Châtel-sur-Moselle) & Épinal, quoique, selon les Traités qu’il’ avait conclus avec la France, il eût promis de ne fortifier aucune de ces Places sans l’agrément du Roy. Il était encore devenu suspect à ce Prince, en ce qu’au lieu d’un désarmement effectif qu’il devait faire après la guerre contre le Palatin, il n’avait fait qu’un désarmement simulé, entretenant plusieurs Régiments dans divers États de, l’Empire ; enfin, & ce fut ici la cause prochaine & immédiate qui lui fit perdre ses États, l’intendant du Pays Messin ayant levé sur quelques effets que le Duc faisait venir de Flandre, certains droits de douane, Charles en fut si choqué, qu’au lieu de faire des représentations à la Cour, comme il aurait dû, il voulut user de représailles, & traitant d’égal avec le Roy, fit arrêter toutes les Marchandises de France qui passaient sur ses Terres. L’Intendant jugeant ne devoir pas dissimuler un procédé si hardi, établit divers Bureaux de douane dont il entoura la Lorraine, & au-devant desquels il fit élever des poteaux chargés des Armes de France, dont quelques-uns même étaient sur le Territoire du Duc. Charles fut si sensible à ce dernier trait , que ne se possédant plus, il envoya quelques Troupes, & fit enlever non seulement ceux des poteaux qui étaient sur ses Terres, mais encore quelques uns de ceux qui étaient posés sur le Territoire de la France.

Cette équipée lui coûta cher, & il eut bientôt lieu de s’en repentir. Le Roy choqué de voir son vassal s’égaler à lui, ne dissimula qu’autant de temps qu’il lui en fallait, pour faire marcher des Troupes qui devaient s’assurer de la Lorraine, & du Duc lui-même. Le Marquis de Fourille, qui précédait l’Armée commandée par le Maréchal de Créqui, fut chargé de cette dernière commission: il s’avança avec un détachement vers Nancy qu’il comptait de surprendre, & qu’il surprit en effet, car on n’avait eu aucune nouvelle de sa marche ; mais le Duc, qui ce jour-là devait aller à la chasse, ayant dîné plutôt que de coutume, était déjà hors de la Ville lorsque les François arrivèrent. Ils s’assurèrent d’abord des Portes, & de tous les autres postes les plus importants, & s’emparèrent ensuite du Palais, en sorte que ce Prince ne manqua d’être arrêté dans sa Capitale, que par un pur effet du hasard.

Le Maréchal de Créqui entra en Lorraine avec une Armée de vingt-cinq mille hommes. Il n’en falloir pas tant pour soumettre tout le Pays; il s’empara d’abord de Remiremont, & de Pont-à-Mousson, qu’il fit démanteler, & se saisit de tout ce qui restait de petites Villes, dont il se rendit maître sans qu’il fût besoin de les attaquer. Il marcha ensuite à Épinal, qui se rendit à discrétion, Chaté fit encore moins de résistances enfin la prise de Longwy, qui se rendit sans avoir seulement fait mine de se défendre, acheva de dépouiller le Duc. Ce Prince qui n’avoir point de Troupes, & qui par conséquent n’était point en état de faire tête aux François, s’était retiré dans les montagnes de Vôsges, d’où il se plaignit à toutes les Cours de l’Europe de la violence dont on usait à son égard ; après quoi ne se trouvant pas en sûreté dans ces montagnes , il passa dans les Terres de l’Empire.

2 commentaires

  1. votre article est très bien, mais c’est encore mieux de citer le nom de l’historien à qui vous empruntez vos informations.

    1. Bonjour, merci pour votre visite du site. Le texte en question est de Simon Reboulet Louis XIV (1794). Les rois de France auraient dû méditer la devise de la Lorraine « Qui s’y frotte, s’y pique », ils paieront cher cette invasion.
      Cordialement

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