Du temps de l’Empire allemand, les villes se sont embellies et modernisée. Grandes avenues bordées d’arbres de somptueux immeubles modernes ayant eau courante, gaz et électricité à tous les étages. Les villes sont entourées de cités-jardins confortables dont les maisons sont toujours recherchées. Il est de bon ton pour les germanophobes d’en critiquer l’architecture.
En Alsace, trois styles cohabitent harmonieusement : le Wilhelmien, le Jungendstil ou art nouveau et le Heimatstil. Ce dernier que l’on pourrait nommer style néo-alsacien, incorpore des éléments traditionnels comme les toits, les poutres et les encadrements de fenêtre en bois sculpté dans les constructions modernes.
Straßburg, Colmar et Metz sont les vitrines de l’Empire, tout comme Nancy et Belfort sont les vitrines de la France. La Neustadt ou quartier allemand fait partie du patrimoine mondial de l’Unesco depuis l’an 2017.
ANNY Jean : Témoin d’Alsace (1920)
Ils ont créé une université et l’ont dotée d’une série de palais, blocs de pierres qui couvrent une superficie de quatorze hectares, disent les guides, Ils ont élevé la gare métropolitaine des chemins de fer d’Alsace-Lorraine, qui a l’aspect d’une colossale forteresse.
Dans les rues autrefois pittoresques, sur les places ombragées où se dressent encore les statues de tant de nos généraux, ils ont semé les hôtels modernes à façades bizarrement contournées, des bazars peints de couleurs voyantes. Enfin, au centre de ces splendeurs nouvelles, entre le Broglie et le Contades, ils ont bâti un immense et monstrueux château impérial, monstrueux de lourde grandeur et de brutal mauvais goût — signe visible de la souveraineté allemande— que le Reichstag a voulu offrir de ses deniers à l’empereur Allemand.
La ville est petite, à vrai dire ce n’est qu’un village, mais la gare est immense, absolument disproportionnée, c’est une gare stratégique. Immenses quais d’embarquement. Escaliers et couloirs souterrains. Si nous n’y avions pris garde juste à temps, nous eussions manqué notre train, faute d’être allés l’attendre sur le quai qu’il fallait, en descendant et remontant autant d’escaliers que dans le plus profond et le plus compliqué de nos métros.
KRUMHOLTZ Charles : La vérité sur les sentiments des Alsaciens-Lorrains (1917)
Ils conçurent, en effet, l’idée saugrenue d’embellir l’Alsace… à côté des jolies lignes harmonieuses qu’inspirèrent notre 17ème et notre 18ème siècle, les Boches firent surgir d’invraisemblables bâtisses « en style de pâtisserie », lourdes et bizarres, ornées de fenêtres qui semblent un défi à la divine beauté de la lumière, et de portes massives qui évoquent les prisons et les oubliettes. Un chef-d’œuvre du genre se trouve à Colmar. La nouvelle gare est, en effet, un symbole de l’âme allemande. On y voit une maigre tour qui semble vouloir s’élancer, telle une aspiration d’idéalisme impuissant, et que retient fortement contre la terre la masse écrasée et pour ainsi dire reptilienne des salles d’attente. Salles d’attente ? Non salles d’auberge… Et l’on entre malgré soi, pour ne pas contempler au dehors les colonnes massives d’où sortent en cariatides des têtes — non de vierges grecques — mais de contrôleurs de wagons !
PFISTER Christian : Comment et pourquoi l’Alsace s’est donnée à la France (1918)
Il admire à Strasbourg, à Saverne, ailleurs encore, les nouveaux monuments français, d’une distinction si élégante dans leur sobriété ; et nous, nous nous sommes arrêtés devant les constructions colossales de l’Allemagne et nous avons dit : « Comme c’est laid ! ».
WALTZ Jean-Jacques dit Hansi
Mais allez donc voir leurs prétentieux et ridicules monuments, la gare de Colmar ou le palais de l’Empereur à Strasbourg, ou les naïves et enfantines restaurations qu’ils font subir aux monuments anciens. Ces bâtisses baroques ou difformes font tâche dans nos paysages, tout comme la silhouette cocasse et biscornue de leurs auteurs.
Tous les Français qui voyagent en Alsace connaissent les fameuses cariatides du hall de la gare de Colmar. Il serait difficile d’imaginer quelque chose de plus grotesque et de plus laid que ces bustes d’employés boches et de portefaix, coiffés de la casquette plate tenant en mains des tickets de chemin de fer des pinces de contrôleurs ou des colis.
PUDLOWSKI Gilles : Guide de l’Alsace heureuse (1985)
Mais l’on pourrait entonner un autre chant, évoquer la ville bourgeoise construite au 19ème siècle sous l’annexion qui a laissé de « kolossaux » témoins de son temps.
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2 commentaires
Mon père, pourtant très ouvert et reconnaissant à l’Allemagne (il y avait fait ses études pendant la guerre et y a trouvé la mère de ses 5 enfants…) annonait de façon très docte ces lieux-communs. En particulier quand nous passions au droit du Ht Koenigsbourg. J’habite la Neustadt et j’y ai appris à lire une ville – y compris Paris.
Aux journées du patrimoine notamment je découvre toujours de nouvelles perspectives, de nouveaux trésors, de nouvelles explications.
Mon père, pourtant très ouvert et reconnaissant à l’Allemagne (il y avait fait ses études pendant la guerre et y a trouvé la mère de ses 5 enfants…) annonait de façon très docte ces lieux-communs. En particulier quand nous passions au droit du Ht Koenigsbourg. J’habite la Neustadt et j’y ai appris à lire une ville – y compris Paris.
Aux journées du patrimoine notamment je découvre toujours de nouvelles perspectives, de nouveaux trésors, de nouvelles explications.
Merci pour votre témoignage