En 1740, le Rhin s’éleva, à Bâle, à 6 mètres, les eaux entraînèrent une partie des fortifications du fort de Kehl. La crue des rivières fut générale en Alsace.
« Après une année de pluies presque continues, qui empêchèrent les fruits de mûrir, toutes les rivières débordèrent le 4 décembre et les eaux continuèrent à monter jusqu’au 22 décembre. Toutes les vallées entre la Forêt-Noire et les Vosges ne formèrent qu’un grand lac.
La plupart des moulins, tant à la campagne que dans la ville de Strasbourg, furent détruits ou gravement endommagés. Les ponts furent entraînés ; à Strasbourg, on les chargea de bombes, de boulets et de pierres, et ce ne fut que par ce moyen qu’on les maintint. Une grande partie de la ville se trouva sous l’eau, et dans les quartiers bas, elle s’élevait à hauteur d’homme. La ville organisa à ses frais un service de bateaux, et l’inhumation des morts ne put se faire qu’à un seul cimetière, celui de Saint-Gall, exempt de la submersion. La garnison, dont les casernes étaient inondées, fut logée dans les salles des Tribus des métiers. Une grande maison près du couvent de Saint- André s’écroula. En dehors de la ville, les habitants se retirèrent sur les toits de leurs maisons ; on tira le canon sur les remparts pour leur faire connaître qu’on avisait au moyen de leur venir en aide, ce qui s’opéra par les soins de l’Ammeister de la ville qui leur envoya des bateaux. Une famine et une grande maladie furent la suite de ce fléau.
Source : CHAMPION Maurice : Les inondations en France depuis le VIème siècle jusqu’a nos jours. (vers 1860)