1673 : Louis XIV et son armée, vus par les Rhénans

Dans la plaine du Rhin, maintes fois mise à feu et à sang par les sbires et incendiaires de Louis XIV : Créqui, Labrosse, Mélac, Turenne et leurs armées. les pamphlets et critiques fleurissent contre le roi de France et ses laquais. Le roi-soleil est surnommé Raubkönig, le roi-voleur / roi prédateur.

Dans ses commentaires, le chroniqueur strasbourgeois Johann Jacob Walter parle de l’armée de Turenne en ces termes : « Raubvögel, Teuffelskinder, Gottlose Gesindlin, Mehr als Barbarisch » (Rapaces, Enfants du diable, Maudite engeance, Brûleur meurtrier. Pires que des barbares).

Début de lettre du Pfalzgraf (Électeur-Palatin) à Turenne :

« Si vous commandiez l’armée des Turcs, et non pas celle du Roi Très-Chrétien, je ne serais pas surpris de voir mes États en feu, & mes sujets égorgés de sang froid »

On peut encore citer ce libellé allemand :

« La cour de France enturbannée : Nous avons deux ennemis irréconciliables : les Turcs d’un côté, et la France de l’autre ; l’un est le bourreau et l’autre la torture ». « Prions Dieu, du fond de notre âme, qu’il veuille bénir les armes de l’Empereur et de ses alliés, et que dans sa grande miséricorde, il lui plaise d’extirper et chasser le Grand Turc de devant Vienne et ailleurs, et de délivrer aussi notre pays du Petit Turc français qui nous saccage et nous ruine par le fer et par le feu. Grand Dieu ! Veille à nous en sauver ». « Je puis vous dire avec vérité que, si les Allemands unis, sans aucun secours, avaient à faire avec les François seuls, l’on verrait, en dépit de leur bravoure, dépêcher en si peu de temps que je serais sûr de les visiter à Paris en moins de trois mois et fort commodément, et de planter l’aigle impériale sur le Louvre ».

Même les Français sont critiques :

« Quel spectacle de voir les nouvelles levées qui se font chez nous : une troupe de furieux ne sauraient agir avec plus de rage & de dissolution. Des étourdis, des vauriens, des ivrognes, des vagabonds, des bohémiens, des filous, des voleurs de grand chemin enfin tout ce qu’il y a de plus infâme est ramassé pour faire des recrues, pourvu que tout cela ait une figure humaine, des pieds ,des jambes, des bras et des épaules pour porter le mousquet : ce n’est pas que ces infects humains ne puissent être employés à quelque chose. Il y a toujours de l’ouvrage pour occuper cette vile espèce d’hommes ; mais il ne faudrait pas faire aux honnêtes gens l’affront de les mettre en parallèle avec des créatures aussi indignes de leur être associées »

Titres donnés à Louis XIV dans les lettres de créances :

 Au plus Haut & au plus Majestueux Monarque de la Croyance de Jésus – Le Choix d’entre les Princes glorieux de la Religion du Messie – L’Arbitre de toutes les Nations Chrétiennes – Seigneur de Majesté & d’honneur – Patron de louange & de gloire.