Les Révolutionnaires achèvent l’œuvre colonialiste des rois de France qu’ils haïssent. Durant 150 ans, de 1648 à 1798, l’Alsace a été annexée, morceau par morceau dans le sang et les larmes.La devise des Révolutionnaires est claire : Liberté, Égalité, Fraternité ou la Mort. La devise est même imprimée en allemand pour qu’elle entre dans la caboche de ces satanée Allemands d’Alsace.

Il est difficile de croire que les Mulhousiens, peuple germanophone, libre et indépendant pacifique et religieux, accepte de bon gré de devenir les valets d’un état francophone, sanguinaire et mécréant. Les Révolutionnaires imposeront des prénoms français aux Alsaciens et mettront tout en œuvre pour éradiquer l’allemand, leur langue maternelle. Les Mulhousiens n’ont aucune envie de faire partie de la France car ils sont parfaitement au courant de la Terreur qui a sévi en Alsace et de l’enrôlement de force dans les armées révolutionnaire.
La République française ne supporte pas l’existence de petits États voisins. Talleyrand est très clair à ce sujet « (Mülhausen) servira d’exemple et de leçon aux petits États qui veulent se soustraire à l’unité du gouvernement ».
1347 : Mülhausen devient une République libre d’Empire.
En 1515, la Ville conclut un accord de défense réciproque avec la Confédération helvétique.
3 mars 1789 : Arrêté prohibant en France les toiles étrangères.
L’Alsace est séparée de la France par une frontière douanière. Sous la pression de la « Nouvelle compagnie des Indes » et des manufacturiers français, l’Arrêté prohibe les toiles étrangères et soumet les indiennes à un droit d’entrée de 53 livres le quintal, celles de Mülhausen à 95 livres le quintal.
1790 : Mülhausen fait trop concurrence aux manufacturiers français.
Il est interdit à la République de Mülhausen d’exporter ses toiles vers la France.
4 avril 1790 : Création des départements français.
La République de Mülhausen se retrouve enclavée dans le département du Haut-Rhin
Septembre 1790 : Isolement de la République de Mülhausen :
Passeport et visa sont obligatoires pour se rendre en Alsace.
Novembre 1792 : Blocus douanier autour de la République de Mülhausen.
Afin de s’accaparer ses richesses et de ses industries textiles, la République de Mülhausen est encerclée par l’armée française. Onze bureaux de douane sont établis par le gouvernement français à Rixheim, Habsheim, Riedisheim, Bruebach, Brunstatt, Dornach, Pfastatt, Lutterbach, Kingersheim et Sausheim.
L’armée d’Italie, à Ferney aux portes de Genève, était décidée à envahir la Suisse au cas où celle-ci prêterait main forte aux Mulhousiens. Les aider c’était se livrer à l’occupation française. Seule et sans espoir d’être aidée, ainsi que le prévoyait Mengaud, « les gouvernements des Cantons n’eurent pas le courage de tenir le serment prêté à la Diète. La République alsacienne s’est rendue à contrecœur à la France.
15 décembre 1797 : Invasion française du nord de la Suisse
4 janvier 1798 : Annexion forcée de la République de Mülhausen.
Après 445 années de liberté, et six ans de blocus douanier, la République de Mülhausen est contrainte de se rendre. Après trois ans d’âpres négociations, la bourgeoisie mulhousienne n’a d’autre solution que d’accepter l’annexion de leur République à la France.
28 janvier 1798 : Annexion des villes d’Illzach & Modenheim, dépendances de Mülhausen
17 février 1798 : Fin du blocus douanier de la République de Mülhausen.
Suppression des onze bureaux de douane établis par le gouvernement français en novembre 1792 à Rixheim, Habsheim, Riedisheim, Bruebach, Brunstatt, Dornach, Pfastatt, Lutterbach, Kingersheim et Sausheim.

15 mars 1798 : Fête de la « Réunion de Mülhausen à la France »
Comme à chaque fois, les annexions françaises sont baptisées union ou réunion. Réunion laisse entendre retrouvailles. Au cours de cette « fête », tous les symboles de la République mulhousienne sont détruits. Mengaud, le chargé d’affaires de la France en Suisse parle de « la générosité de la grande République ». Le traité d’annexion a été lu en public, les drapeaux, les armoiries la charte de la constitution de la République de Mülhausen ont été mis en pièces et déposés sous les racines de l’Arbre de la liberté. Heureusement le peintre et historien Mathias Mieg, attaché à la liberté de sa République, n’a pas participé à la « fête » cela lui a permis de sauver les drapeaux de la Ville en sa possession.
Les noms des rues sont francisés, les tours portant le nom de familles patriciennes mulhousienne : Yung et Spiegel ont été rebaptisées porte Jeune et porte du Miroir. Les Révolutionnaires imposeront des prénoms français aux Alsaciens et mettront tout en œuvre pour éradiquer l’allemand, leur langue maternelle.
16 mars 1798 : Courrier de Joseph-Antoine Mengaud à Charles-Maurice Talleyrand :
Le citoyen Mengaud : chargé d’affaires de la République française en Suisse, au citoyen Talleyrand, Ministre des relations extérieures. Citoyen Ministre ! Hier s’est célébrée la fête de la réunion de Mülhausen à la République française… L’enthousiasme le plus vrai a présidé à cette fête. La lecture du traité de réunion, traité digne de la générosité de la grande République, a été accueillie par les témoignages les plus éclatants d’une joie vive et sincère. Les vieux drapeaux, la charte usée d’une soi-disant constitution, les armoiries ont été mis en pièces et déposés sous les racines de l’arbre de la liberté : Banquets civiques, bals, illumination, tout a concouru à embellir la célébration de cette nouvelle conquête de la liberté et de l’égalité. (Bâle, le 26 Ventôse, an VI).
Réponse de Talleyrand à Mengaud :
Vous avez peint d’une manière intéressante l’enthousiasme patriotique qui a présidé à la fête de la réunion de Mülhausen. J’ai rendu public ce rapport.
Il servira d’exemple et de leçon aux petits États qui veulent se soustraire à l’unité du gouvernement.
