1954-1976 : Incendies volontaires au camp de concentration du Struthof

Deux incendies ont été commis au camp de concentration du Struthof, le premier par Paul Demange, préfet du Bas-Rhin, le second par Pierre Rieffel et les « Loups noirs », traités de nazis. Le préfet Demange et le père de Rieffel, été incarcéré au Struthof, le premier durant la guerre, le second après la Libération. Le Roman national a jeté dans les oubliettes de l’Histoire l’incendie officiel qui pourtant a été filmé.

C’est le préfet du Bas-Rhin en personne, et non des prétendus nazis qui commet cet attentat en mettant le feu à un des baraquements du camp. Il ne sera jamais poursuivi par la justice.

Ancien déporté au Struthof puis à Neuengamme près de Hamburg, le préfet Paul Demange ne supportait pas l’existence d’un camp de concentration en Alsace. Il met symboliquement le feu à la baraque numéro 12, lors d’une cérémonie officielle, marquant le début des travaux d’aménagement du lieu en mémorial national de la déportation.

Sont également présents à cette cérémonie : Georges Ritter, vice-président du Conseil Général du Bas-Rhin, ancien déporté, Camille Wolff, député du Bas-Rhin, ancien déporté, Président de l’Amicale des Anciens internés des camps de Schirmeck et du Struthof ; Yves Bouchard, ancien déporté, délégué du réseau Alliance ; les représentants du Comité National du Struthof, de la FNDIRP1, de l’UNADIF2, de l’UFAC3, ainsi qu’une délégation d’officiers anciens déportés.

1  FNDIRP : Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes

2  UNADIF : Union Nationale des Associations de Déportés, Internés et Familles de Disparus

3  UFAC : Union Française des Associations de Combattants

La baraque-musée du camp du Struthof incendiée par les Loups Noirs, est l’attentat qui crée le plus de polémiques en Alsace. Les anciens combattants et déportés sont horrifiés.

Les Loups Noirs laissent une inscription sur le mirador : « 27 janvier 1945 » Internement de 1100 Alsaciens soupçonnés de collaboration ».

L’incendie de la baraque est largement instrumentalisé, Il permet de traiter les Loups Noirs de nazis et de faire l’amalgame entre nazisme et autonomisme.

Pierre Rieffel est choqué par la mercantilisation du musée et le voyeurisme de certains visiteurs.

« L’action que nous avons commise au Struthof n’est pas une action de vengeance. Les hommes qui y ont souffert et qui y sont morts ne méritaient pas que l’on fasse un musée aux mains tendues, avides de pourboires, ni un endroit où un seul peuple est accusé. Ce peuple écrasé sous les bombes incendiaires ; alors que la France, à la Libération et ailleurs, n’a pas été plus humaine. Ne reconstruisez pas dans le même esprit ce que nous avons brûlé, sinon le camp entier disparaîtra, soyez-en certain. Nous en avons les moyens et le courage ».

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