1914/18 : Saccage de la vallée de Münster par les chasseurs alpins

Violation de l’article 25 de la convention de la Haye du 18 octobre 1907, signée par la France concernant les lois et coutumes de la guerre :

« Il est interdit d’attaquer ou de bombarder, par quelque moyen que ce soit, des villes, villages, habitations ou bâtiments qui ne sont pas défendus ». Sans aucune nécessité militaire, l’armée française a soumis l’Alsace et ses habitants à de nombreux bombardements.

Dès la déclaration de guerre par l’Allemagne le 3 août 1914, l’armée française envahit le Land Elsaß-Lothringen. Elle arrive jusqu’à Colmar et Mülhausen qu’elle tente en vain d’occuper. Très vite les Français reculent et se replient sur les sommets vosgiens, forteresse et frontière naturelles. Seules une petite partie du Sundgau et la vallée de Thann seront occupées durant toute la guerre.

Par contre, la vallée de Münster, porte d’entrée vers Colmar est ardemment disputée durant toute la guerre par les deux belligérants. Les chasseurs alpins mettent à feu et à sang la vallée de Münster pour afin d’en chasser les habitants et d’en faire un no man’s land proche de Colmar. Le but de la France est de s’accaparer la ville avant la fin de la guerre. Les chasseurs alpins vont devoir attendre l’Armistice de 1918 et le départ de l’armée impériale, pour pénétrer à Colmar en « libérateurs ».

6 décembre 1914 : Attaque de Münster par les Français
Des combats très violents ont lieu, plusieurs maisons sont en flamme
5 mai 1915 : Bombardement de Metzeral
Le village est pratiquement détruit
8 mai 1915 : Bombardements de la vallée de Münster
L’aviation française largue une vingtaine d’obus au fond de la vallée afin d’en chasser les habitants
18 mai 1915 : Bombardement de Münster
Un avion français a jeté des bombes, dont deux ont éclaté en pleine ville, tuant un homme et blessant quelque personnes
14 juin 1915 : Attaque française de Metzeral
16 juin 1915 : Attaque française de Metzeral
17 juin 1915 : Offensive française dans les Vosges
Des milliers d’obus s’écrasent sur Metzeral et dans la vallée de Münster. Le régiment bavarois résiste vaillamment.
Dans le faubourg de Metzeral, d’où s’élèvent maintenant des colonnes de fumée, la lutte fut ardente. Partout, dans les rues, dans les vergers, aux abords des jardins, ce ne sont que de sanglantes traces de lutte. Metzeral est un second Steinbach et quand les armées allemandes l’auront complètement évacué, il ne restera plus de ses maisons de paysans aux larges toits que des ruines fumantes.
20 juin 1915 : Raids aériens
Des aviateurs français planent longuement sur Colmar, surveillant spécialement les gares et les voies de chemin de fer de Colmar à Münster. Vivement canonnés, ils disparaissent vers le nord.
21 juin 1915 : Communiqué allemand : Dans les Vosges, Münster a été violemment bombardé par les Français. De nouvelles attaques ennemies dans la vallée de la Fecht et au sud, ont été stériles.
21 juin 1915 : Communiqué français : Nous avons bombardé la gare de Münster et fait sauter les dépôts de munitions qui s’y trouvaient. A la fin de la journée nos troupes ont complètement investi Metzeral que les Allemands ont incendié avant de l’évacuer.

*Münster – Filatures Hartmann bombardée*s

24 juin 1915 : Bombardement de Münster
C’est de là qu’ils bombardent Münster, localité très industrielle, comptant 6000 habitants. D’une distance de 6 à 7 km, ils ont notamment réussi à détruire la gare et à faire sauter un dépôt de munitions. La population de Münster, quand les obus sont tombés sur la gare, a comme bien on pense, manifesté une grande frayeur. Elle s’imagine que les Français vont détruire systématiquement, toutes, ses habitations et ses filatures, dont plusieurs sont très connues.
20 juillet 1915 : Bombardement de Münster
La ville est bombardée par deux fois. Un avion ennemi est abattu. Quatorze maisons sont la proie des flammes, l’église est atteinte
2 septembre 1915 : Évacuation de la vallée de Münster
Arrivée à Colmar de convois de réfugiés de Münster dont les bombardements de l’artillerie française rend le séjour presque impossible,
2 septembre 1915 : Bombardement de Münster
Les nouvelles arrivant de Colmar confirment l’évacuation de Münster et, semble-t-il, des localités en aval. L’émigration des populations prend les caractères d’une fuite. Les villes de la plaine du Rhin, Colmar, Rufach, Türkheim, sont pleines de fugitifs. La place manquant, on a été obligé de diriger une partie des évacués sur le grand duché de Baden surtout dans le haut..

*Évacuation Vallée de Münster (Photothèque SHW 631, Album SHW 098)*

10 septembre 1915 : Évacuation de la vallée de Münster
L’exode des fugitifs de la vallée de Münster continue toujours. Vendredi dernier, un convoi composé principalement de femmes et d’enfants a été dirigé sur Haguenau, où les malheureux trouveront un asile chez les agriculteurs de la contrée.
18 septembre 1915 : Évacuation de la vallée de Münster
Bâle, 17 septembre Dans le Münsterthal, la position est devenue intenable pour la population civile jusqu’à Kulzbach, à 5 km. à l’est de Münster. L’autorité militaire a ordonné l’évacuation de cette localité. A Münster les ruines s’accumulent ; les fabriques et les habitations ouvrières ont gravement souffert du bombardement. Il en est de même à Metzeral.
11 janvier 1916 : Les évacués de Münster
Bâle, 11 janvier. Lundi, la canonnade a duré tout le jour sur le front des Vosges, mais affaiblie. On annonce de Colmar aux Basler-Nachrichten le départ de 550 réfugiés de la vallée de Münster ; ils sont dirigé sur Spittel en Lorraine où ils trouveront un travail rémunérateur dans les établissements industriel.
8 février 1916 : Communiqué français
Dans les Vosges, notre artillerie a bombardé les cantonnements ennemis de Stosswihr (nord-ouest de Münster)
30 mars 1916 : Communiqué français
Paris 30 mars : Dans les Vosges nous avons bombardé les organisations allemandes de Stosswihr et de Münster.
7 juillet 1917 : Bombardement de Münster
« L’adjudant Cartault continue ses exploits en compagnie du vaillant Coupet fait prisonnier après le glorieux bombardement de Münster »
22 juin 1918 : Attaque de Metzeral
Collin (Paul), sergent à la 2e compagnie du 27^e bataillon de chasseurs: sous-officier d’une bravoure reconnue, ayant sur ses hommes un grand ascendant. A été grièvement blessé, le 22 juin 1918, au cours des combats pour la conquête de Metzeral, alors que, posté en avant de la ligne, il observait les positions ennemies.
21 août 1919 : M. Poincaré en Alsace – Falsification de l’Histoire
Poincaré visite les ruines de la vallée de Münster et raconte une histoire mensongère destinée à la presse nationale : ce sont les Allemands qui auraient dévasté la vallée, les Français ne bombardaient qu’avec prudence pour se défendre.
Mme et M. Poincaré ont continué, au milieu d’un grand enthousiasme des populations, leur voyage en Alsace, notamment à Colmar, Münster, Metzeral et Türkheim. Répondant aux allocutions des maires, M. Poincaré a exprimé la joie de la France du retour de l’Alsace, sa volonté de réparer entièrement, aux trais de la nation coupable, les dommages causés par la barbarie allemande dans certaines villes comme Münster et Metzeral. Les villes de Strasbourg et de Phalsbourg ont été décorées de la Légion d’honneur.

Sources : Basler Nachrichten, Elsässer Kurier, Gazette de Lausanne, Gazette des Ardennes, Journal de Genève, Journal officiel de la République française, La Guerre aérienne illustrée, Tagebuch Elisa Levy