1914 : Proclamation du général Dubail

En 1914, dès la déclaration de guerre, la France attaque l’Empire en envahissant l’Alsace. La 1ère armée française, commandée par le général Augustin Dubail est rapidement repoussée mais reste cantonnée durant tout le conflit dans les vallées de Thann, Gebweiler ainsi que dans le Sundgau. Tous les Alsaciens non mobilisés dans l’armée impériale, en âge de combattre ont été raflés et enfermés dans des camps en France.

Le Roman national raconte que les Alsaciens étaient heureux de l’occupation de leur cité par l’armée française.

Ce fut une explosion de joie, en 1914, lorsque les Français pénétrèrent dans les villages de la Haute-Alsace. Le jour tant rêvé avait enfin lui. Les casques à pointe avaient disparu. De beaux et de braves soldats français circulaient dans les rues, campaient dans les granges. On pouvait bien les accueillir à bras ouverts… on les attendait depuis si longtemps I Tous ceux qui depuis trois ans ont séjourné en Alsace reconquise connaissent la loyauté de ses habitants, leur cordialité et leur amour pour la France. L’Alsace encore asservie, malgré le martyre et l’oppression qu’elle subit, crie bien haut son espoir. (Léonce Armbruster)

Lors de sa venue à Thann, en novembre 1914, Joffre déclarait : « Je suis la France, vous êtes l’Alsace, je vous apporte le baiser de la France ».

En réalité les Alsaciens vivaient dans une dictature militaire qui les menaçait de mort en cas de contact avec l’armée de leur patrie légitime. 

Proclamation du général Dubail (1er novembre 1914)

 L’Armée Française est entrée en Alsace, après avoir partout repoussé victorieusement les Allemands. Les officiers et les soldats adressent aux Alsaciens un fraternel salut. Tous les Alsaciens ont accueilli l’Armée Française avec enthousiasme ; mais parmi eux se sont glissés des traitres qu’il faut mettre dans l’impossibilité de nuire.

Le Général commandant la 1ère armée demande donc aux Alsaciens d’observer rigoureusement les prescriptions suivantes, les mêmes qu’il a déjà imposées aux Français :

  1. Il est interdit à tout civil de circuler en automobile ou motocyclette, à bicyclette ou à cheval, sans un laissez-passer délivré par le Général commandant de l’Armée. Toute infraction à cette interdiction sera punie par la confiscation de l’automobile, de la motocyclette, de la bicyclette ou du cheval et de l’internement du délinquant dans une forteresse. 

  1. Toute circulation en dehors des localités est interdite de 6 heures du soir à 5 heures du matin. Toutefois, en chemin de fer, la circulation est permise de jour et de nuit aux personnes munies d’un permis régulier. 

  1. La circulation en chemin de fer, à pied ou en voiture, en dehors des villes ou villages, n’est autorisée que pour les personnes munies d’un permis de circulation. Ce permis sera individuel et délivré, au plus pour 3 jours. Il devra spécifier qu’il n’est valable pour la nuit, de 6 heures du soir à 5 heures du matin, pour la circulation à pied ou en voiture.Il portera la signature de l’intéressé, son signalement, l’indication du jour pour lequel il est valable. Il indiquera l’itinéraire à suivre. Il sera signé, daté et timbré par l’autorité qui l’aura délivré. 

  1. Les permis seront délivrés : dans les localités occupées par l’Armée, par le Commandant d’armes ; dans les autres localités, par la Gendarmerie française, le Commissaire de police français ou, à défaut par le Maire désigné par l’Autorité française. 

  1. Dans une zone d’environ 8 kilomètres en arrière des avant-postes, l’autorité militaire aura seule le droit de délivrer des permis. Les permis ne pourront être délivrés que pour un rayon de 2000 mètres autour du domicile de l’intéressé ou pour une localité en arrière. (La ligne fixant les limites de cette zone en arrière des avant-postes sera fixée et notifiée, dans chaque cas particulier, par les Généraux commandant les divisions en première ligne). Aucun permis ne sera délivré pour passer de la zone de l’arrière dans la zone indiquée au présent article, sauf pour le ravitaillement de la population. 

  1. Toute personne qui circulera sans un permis régulier sera punie de l’internement dans une forteresse. 

  1. Il est défendu aux habitants du pays de prêter, d’une manière quelconque, aide et assistance à l’armée allemande[1]. Seront fusillés toutes personnes qui, sans faire partie de l’armée allemande, ni en porter l’uniforme :

  • Se rendront coupable d’espionnage ou fourniront à l’ennemi, de quelque manière que ce soit, des renseignements sur l’Armée Française.

  • Tueront, blesseront des hommes de l’Armée Française.

  • Endommageront des chemins de fer ou des trains, des ponts, des routes ou des canaux, des lignes télégraphiques ou téléphoniques.

  • Détruiront les quartiers des troupes, leurs armes, leurs munitions, leurs vivres, leur matériel ou leurs chevaux.

  • En un mot tous ceux qui causeront volontairement un préjudice à l’Armée Française

Les conseils de Guerre appliqueront, sans aucun recours, les peines prévues au présent arrêté. 

Le Général Commandant la 1ère Armée, DUBAIL 

 

[1] Dubail fait la distinction entre « Armée Française » et « armée allemande.

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