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Depuis Bonaparte, les Alsaciens-Lorrains seraient militaristes !
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L’émigration des Alsaciens-Lorrains aurait débuté en 1872 !
Vraiment ?
Avant la guerre de 1870, l’Alsace et la Lorraine faisaient partie des régions les plus pauvres de France. Une partie de leurs habitants émigrait pour trouver une vie meilleure, aux États-Unis, au Banat, en Algérie.
Depuis la Révolution, tous les citoyens étaient en principe égaux. Le service militaire par tirage au sort durait sept ans. Seuls les riches y échappaient puisqu’ils pouvaient se payer un remplaçant en cas de tirage d’un mauvais numéro.
Philippe Jacob Lauffer né en 1832, a tiré un mauvais numéro. Un fils militaire était un drame pour les paysans qui perdaient une aide précieuse à la ferme. Si leur fils revenait estropié, c’était une catastrophe. Les paysans n’ont jamais été militaristes. Ne dit-on pas : « Jeune soldat, vieux mendiant » ?
Soldat au 97e régiment d’infanterie de ligne pendant 3 ans, 5 mois et 26 jours, blessé à la bataille de Sébastopol en Crimée, Philippe Jacob a été amputé d’un membre (un bras). A partir du 17 août 1855, il touche une pension de 465 francs par an. (source: Bulletin des lois). Cette somme correspond à six mois de travail d’un domestique. Philippe Jacob s’en est relativement bien sorti, puisqu’il a été employé comme garde-champêtre à Boofzheim sa commune.
En 1854, plusieurs membres de sa famille ont quitté leurs villages pour s’établir à Warren en Pennsylvanie, États-Unis.
Pour échapper au service militaire, voire à la guerre, un certain nombre d’Alsaciens et de Lorrains germanophones émigrent à l’étranger.
En 1855, dix pour cent des jeunes gens du canton de Sarrebourg ont fui la France pour échapper à la conscription.
24/10/1854 : Décret impérial concernant les passeports des futurs soldats.
Toute personne se déplaçant hors de son canton est tenue de posséder un passeport intérieur (payant). Alarmé par la fuite à l’étranger de nombreux jeunes hommes en âge de combattre, le Gouvernement interdit la délivrance de passeports à ceux ayant atteint l’âge de dix-neuf ans.
Les jeunes Alsaciens & Lorrains en âge de combattre, sont donc particulièrement surveillés par les gendarmes qui bénéficient de primes.
Article 373 : L’arrestation, par la gendarmerie, des déserteurs de l’armée de terre et de mer et des insoumis donne droit à une prime de 25 fr. Le droit à la prime est acquis lorsque l’arrestation a été opérée, savoir :
1° Pour un déserteur de l’armée de terre ou de mer, quarante-huit heures après son absence illégale, et s’il s’agit d’un déserteur arrêté dans le lieu de sa garnison, lorsque les délais de repentir sont expirés;
2° Pour un insoumis, quarante-huit heures après le jour fixé par l’ordre de route, ou quarante-huit heures après le jour de sa disparition du détachement
Article 771 : Les brigades vérifient avec le plus grand soin les passeports des voyageurs qui, par leur âge, paraissent appartenir aux classes appelées à faire partie des contingents militaires et qui pourraient être insoumis ou déserteurs (art. 345 du décret du 1er mars 1854). Source : Guide général de la gendarmerie.
1872 : Option pour la France
Les Alsaciens -Lorrains bénéficient d’avantages importants pour les faire quitter l’Empire et migrer en Algérie. ils bénéficiaient gratuitement de terre, contrairement aux habitants originaires de vieille France.
Un certain nombre de jeunes alsaciens-lorrains ont migré en France pour échapper à tout service militaire obligatoire, tant qu’allemand (sans tirage au sort) que français.
En général, ce sont des Alsaciens-Lorrains francophones aisés qui sont partis en France, pas par patriotisme mais par opportunisme. En cas de mauvais tirage au sort, ils payaient un remplaçant pour faire le service militaire à leur place.