Ma grand-mère était-elle une bâtarde ?
C’est la première question que m’a posée une tante de 85 ans il y a une dizaine d’années quand elle a appris mon intérêt pour la généalogie. Très proche de sa grand-mère Anne-Marie, ma tante a deviné l’existence d’un secret de famille. Ceux-ci peuvent générer des angoisses durant des décennies.
Que s’est-il donc passé de grave à Breitenau près de Villé, il y a près de 150 ans ?
10 février 1859 : Mariage entre Aloïse Biwand et Reine Frechesser.
Aloïs, né le 27 octobre 1836 à Bassemberg, voiturier, est le fils de Beywand Peter-Paul, boulanger et de Margaretha Blanck.
Reine, née le 23 août 1838, est la fille de Frechesser François-Joseph, cultivateur et de Jeanglaude Marie-Anne, cultivatrice, tous deux décédés.
15 mars 1860 : naissance de leur premier enfant, Mélanie.
14 avril 1862 : Reine met au monde un enfant mort-né.
(Il nous a été présenté un enfant sans vie. Il est sorti du sein de sa mère le 14 avril).
18 avril 1862 : Jour funeste, Reine décède des suites de son accouchement.
30 juillet 1863 : Naissance d’Anne-Marie Frechesser.
Marie-Anne, la sœur de Reine, célibataire âgée de 27 ans, met au monde une petite fille prénommée Anne-Marie, qui sera la grand-mère de ma tante. Déclaration faite par la sage-femme Barbe Biwand 65 ans, de Lalaye, veuve de Martin Schmitt. Témoins : Georges Jaegli, 40 ans, instituteur & Jean-Baptiste Bas, 45 ans, cultivateur.
1863 : Promesse de mariage entre Aloïse Biwand & Marie-Anne Frechesser.
14 octobre 1865 : Naissance de Thérèse Frechesser.
Marie-Anne, la sœur de Reine met au monde une deuxième fille prénommée Thérèse.
25 décembre 1865 : Mariage d’Aloïse et Marie-Anne et légitimisation de leurs deux filles Anne-Marie et Thérèse qui prennent le nom de leur père.

La relation d’Aloïs Biwand et de Marie-Anne Frechesser était considérée par la Loi comme incestueuse, d’où la date tardive de leur union. Mention marginale de l’acte de mariage : Par décret Impérial du dix-sept novembre mille huit cent soixante-cinq, la prohibition établie entre les époux par l’article cent soixante-deux du code Napoléon a été levé.
Les époux élèveront également Mélanie. Plusieurs enfants naitront encore de cette union : Aloyse, Caroline, Léo et Mélania.
Ce secret de famille s’est terminé comme un conte de Noël. Ma grande tante était heureuse de connaitre enfin la vérité sur ses origines.